Oui, je le clame haut et fort : je détiens la meilleure performance interplanétaire du vendredi 18 septembre, pour l'intégrale du canal d'Orléans (enfin j'espère).
Départ du pk 0 du canal, côté Montargis/Châlette-sur-Loing.
Arrêt au pk 79, après le pont SNCF d'Orléans.
Le trajet : openrunner, id=387112
Les photos du jour : picasaweb, canal d'Orléans
Les préparatifs sont vite bâclés : Fabrice, un pote de boulot qui habite idéalement Orléans, m'accompagnera avec mon vélo. Rendez-vous à 5h30 chez lui pour aller prendre le bus Ulys de 6h10 en direction de la gare de Montargis, terminus de la ligne atteint 4 € (à deux, vélo compris) et 1h15 plus tard : oui, pour 2 € le trajet ce n'est pas la peine de s'en priver !
On traverse les voies et nous nous retrouvons devant la gare, côté N7. Il faut la longer vers le nord pour rejoindre l'écluse de Buges qui fait la jonction entre les canaux du Loing, d'Orléans et de Briare, le Loing et le Solin (ça en fait du monde). Le trajet me prend 32' ; il n'y a que 3 km mais j'ai la bonne idée de ne pas suivre mon plan pour suivre un petit chemin... qui se perd un peu et nous également.
Me voilà au départ de mon off-en-solo-mais-avec-assistance du jour. Je me mets en t-shirt, enlève même mon sac à dos : Fabrice le portera sur le vélo, je ne prends que ma gourde à main pour pouvoir picoler à loisir... et c'est parti sur le chemin de la Folie (c'est pas de moi, c'est écrit sur le panneau).
Les 10 premiers kilomètres sont parcourus en un peu moins d'une heure, les mollets, puis les genoux, puis les quadriceps, puis les chevilles me font légèrement mal les uns après les autres : faut que ça chauffe. Le ciel est couvert mais il ne fait pas froid, le parcours est très joli : le chemin est plutôt étroit et les alentours sont très verts.
Les 10 kilomètres suivants sont un régal, les écluses se succèdent à une cadence infernale (il y en a 17 sur la première partie du canal, soit 29 km). Comme à chaque écluse un panneau indique la distance à la suivante, je ne me fixe que le 10 km/h en objectif à très court terme, et ça marche. Pas trop de longues lignes droites, les changements de rive sont assez naturels (les deux côtés sont a priori bon, mais un seul à un chemin aménagé).
À partir du 20e km, les ischios commencent à tirer fortement, les genoux couinent, peut-être que l'UTMB se ressent encore un poil. Ça devient moins facile de courir léger, mais les 10 km/h sont toujours là.
pk 28, arrivée au bief de partage : ce canal est alimenté par son milieu, une longue travée de 19 km, sans écluse. Jusque là, la hauteur d'eau montait (de 80 à 124 m), maintenant elle va rester stable (alors que le chemin monte légèrement, lui, jusqu'au milieu du bief pour atteindre la cote 127,8 m, avant de redescendre) jusqu'à l'écluse de Combreux, qui sonne la descente vers Orléans (de 124 à 95 m). Je me permets une petite pause « informations sur le canal », remplissage de gourde, Coca, pain au chocolat. 9' d'arrêt et je reprends la course à 2h48' depuis le départ, 28 km plus tôt, soit une belle moyenne de je vous laisse calculer combien.
Je m'attends à souffrir beaucoup sur cette partie : on s'y fait vite, à voir des écluses toutes les deux bornes... La mi-course est vraiment affreuse, je suis dans le dur et il m'en reste encore autant... au secours ! Mais finalement les petits virages du canal, l'atmosphère tranquille (il faut dire que la densité de population atteint des records le long de l'eau) et les espaces verts sont fort agréables. J'arrive sans vraiment le croire au bout de cette portion en 2h pile, soit beaucoup moins que ce que je redoutais de mettre. Reste 28 bornes (ah, enfin ça c'est le kilométrage officiel, j'en ferai 2 de plus pour aller au véritable bout du canal) et ça va être dur ! Heureusement, les écluses sont de retour... et maintenant c'est que de la descente (sic !). On en profite pour faire un arrêt déjeuner, Coca, gâteaux, etc. 40' pour faire la jonction avec la première écluse de cette partie, 1,5 km plus loin.
Le redémarrage est laborieux, les muscles sont froids et je mets un certain temps avant de reprendre un semblant de course. Le passage aux 6h de course me donne une idée un peu vague : les 9h sont jouables si je ne traîne pas trop. Les nuages ont laissé place à un beau soleil : avec l'eau d'un côté, les arbres de l'autre et un beau chemin sous les pieds, c'est vraiment un régal. Mais c'est dur, je n'avance plus vraiment, pourtant les 9h me trottent dans la tête, ça vaut bien un effort ! Je repense au récit de l'UTMB de Rond de flan (oui, Juanfé) et me décide de forcer un peu ces jambes à brûler du glycogène jusqu'à la fin. Je me transforme l'espace d'un instant en premier de la course (oui, je suis bien peu de chose à ce moment) et j'essaie de reprendre un vrai rythme de leader. Le pire c'est que ça marche... un peu mais ça marche quand même. Les 9h sont toujours jouables alors je m'y accroche.
À 7h15' de course, je ralentis de nouveau... il me faut un stimulant vraiment afterburner : ZZTop à donf ! Je cède à tous mes caprices, les émotions remontent, je me mets à 12 km/h en me disant que je tiendrai le temps que je tiendrai, tant pis pour la suite ; de toute façon les 9h se tiennent là, si je ne reprends pas maintenant du poil de la bête, je n'y arriverai pas. Ça tient bien 10', en baissant jusqu'à 10 km/h... à l'écluse suivante je me fais une petite pause marche, 150 m pour récupérer du souffle et du power, comme dirait Gé. Et voici une des dernières écluses : je viens de mettre 27' pour 4,5 km, les 9h sont toujours d'actualité.
Sauf... sauf que j'avais prévu 77,3 km sur mon tracé openrunner, mais en fait le canal continue encore un peu plus loin, en fait jusqu'à Orléans même, juste après le pont SCNF : ça rajoute pratiquement deux kilomètres, fait à fond sous le soleil. J'enlève mon t-shirt, je m'imagine devenir Anton et ne jette plus un seul regard sur mon chrono. Je dis à Fabrice de rester derrière, le fait qu'il me double sans pédaler (certes, ça descendait légèrement, mais quand même) me démoralise ! Je finis vraiment en donnant tout, ça fait très longtemps que je n'ai pas eu mal aux jambes comme ça. J'arrive au feu rouge de la dernière écluse et stoppe mon chrono. Je m'assoie et râle de douleur. Pour le coup, je sens bien mes jambes : je voulais qu'elles brûlent et je ne fais plus le malin.
Un coup d'œil à la montre et c'est presque la crise cardiaque : 8h59'24''. Yes, 8 heures et quelques ! Je suis ravi, super content, ah quelle journée.
Après une quinzaine de minutes sur place, je me décide à me relever pour aller boire un coup dans un bar... je ne peux plus marcher, je fais les 100 m jusqu'au bar en vélo ! Avant de m'assoir comme une loque à une table. Un verre de lait-fraise et un autre de Coca plus tard, ça va mieux, je suis prêt pour les 300 m jusqu'à chez Fabrice... en vélo aussi. Il me pousse même dans la côte qui mène à sa résidence, faut dire que je ne l'ai pas trop fatigué. Une bonne douche plus tard, je peux profiter de la grosse chaleur de la voiture... j'attends un peu avant de démarrer, je profite de ces douleurs comme des petits trésors, le sourire jusqu'aux oreilles : je suis bien. Voilà pourquoi je cours de telles distances, j'ai mal mais ce n'est pas de la souffrance, c'est une douleur de passage qui fait un bien fou.
Donc, les 8 heures et quelques sont bien quasiment (quasiment, oui) 9, pour 79 km de canal. C'est un parcours très joli, que je vous encourage à faire. Le faire avec un assistant en vélo est vraiment un plus : trimbaler juste une gourde à main est particulièrement agréable. J'ai consommé 2 l d'eau gazeuse, 1,5 de Coca, quelques compotes, quelques noix de cajou (pour stopper un début de déshydratation), deux pains au chocolat et un paquet de P'tit Déj : c'est pas énorme mais à porter sur le dos, ça commence à faire lourd, surtout que la matinée a été plutôt fraiche, je n'ai pas bu énormément.
Ah oui, le petit détail de conscience, Fabrice avait un dosimètre portable avec lui, ce qui lui a permis de faire une petite statistique sur les UV (ultraviolets) reçus lors de notre périple... où l'on voit que, grâce au soleil d'automne, nous n'aurons pas trop bronzé :
Le maximum correspond à un indice de 4,5, soit 0,1 W/m2 et l'intégrale de la courbe nous donne une dose d'environ 1300 J/m2 reçue en 9h — en considérant que nous étions toujours à découvert, ce qui n'est bien sûr pas le cas sur ce trajet bordé d'arbres — ce qui va permettre une superbe synthèse de la vitamine D, puisque la dose recommandée n'est que de 108 J/m2 par jour !
Allez hop : à qui le tour ?