dimanche 3 juin 2012

Trop GRO pour moi

Pfff, j'ai un peu la flemme de faire un vrai CR. C'est bien la première fois que ça m'arrive. Mais ch'ais pas, trop de soleil sans doute... alors ça va être court [édit : finalement, pas tant que ça... mais vous savez jouer de l’ascenseur si vous voulez l'épilogue tout de suite !]. Un GRO de plus, c'est parti !

Alors donc reprenons. Le Grand raid occitan, c'est ma première course depuis des années, hum, des mois, hum, depuis fin mars exactement, c'est dire si ça me démange d'aller gambader sur de l'herbe tendre dans une douce chaleur avec des copains (teaser, à prendre avec des pincettes). En plus, je suis plutôt en forme, avec un poids de forme et j'ai fait le plein de kilomètres depuis le début de l'année, négligeant peut-être un peu le dénivelé, mais bon, hein, on est pas à 7700 mètres près. Donc, au plaisir de courir avec d'autres, j'ajoute le plaisir de la performance, à mon niveau bien sûr.

Après quelques essais de déstabilisation les jours précédents la course, on se dit avec Olivier que les trente heures sont jouables. Moi ça me va, du moment que je termine devant lui ! J'ai le luxe cette fois-ci de préparer mon sac deux jours avant la course et c'est vraiment royal. Je me fais une nuit agitée l'avant-veille, me laissant super zen la dernière, top cool. J'ai les traces GPX dans mon Foretrex, quelques jeux de piles rechargeables et je me fais même un p'tit plan de marche à partir des prévisions de passage du premier à chaque ravito... en ajustant à 150% du temps bien sûr. Ça me donne une arrivée dans les 28 heures, ce qui n'est pas sans éveiller en moi une certaine envie. Hein ? non, bon, passons. Je vise trente heures en ayant aucune, mais vraiment aucune idée des temps de passage auxquels ça correspond. Mais comme j'ai le GPS, je me dis que tant que je suis au-dessus des 5 km/h, ça devrait le faire. Imparable.

Lever aux aurores, j'ai le temps de prendre un p'tit déj normal d'avant-course en attendant Olivier91 qui arrive à l'heure prévue. Cool, jusque là, tout va bien. La route se passe bien, vite même, ces autoroutes sont vachement agréables : peu de monde et ça tourne un peu, juste assez pour ne pas être ennuyeux. Bref, nous arrivons sous une bonne chaleur et allons récupérer dossards et horaires de départ. Un petit repas vite fait (spécial coureur : escalope et pâtes à la sauce champignons, 9 €, allez-y c'est bon) et ensuite nous nous garons sur le parking des départs de canoés. Oh pétard, l'Orb coule tranquillement, bien fraîche, les canoés sont là, mmmmmm, j'ai bien envie d'aller pagayer un peu mais c'est pas le topo prévu, in fact.

À la place, nous allons passer une heure trente dans un bus, comme pour aller en sortie, à l'école. Il nous reste assez de temps arrivés au lac du Salagou pour prendre une bouffée de chaleur. J'avais plus ou moins prévu de cramer entre midi et 18 h... mais Antoine avant le départ me dit de plutôt prévoir jusqu'à 21 h. Ouch. Comme je n'ai aucune idée de comment je me comporte sous la grosse chaleur, ça ne change pas grand chose, hein ?

Allez zou, c'est l'heure du départ. Je me suis bien arrosé le buff au robinet, que je place sous ma casquette, en saharienne. Je rejoins le groupe et me place stratégiquement au bon endroit : 5e rang en partant de la ligne de départ. C'est idéal puisque je suis aussi au 5e rang en partant de la fin, j'adore ces petits contingents de coureurs. Très classe.

Salagou—Faugères
Ma seule tactique (à part celle de tenir les 5 km/h le plus longtemps possible et surtout rester devant Olivier) était de partir lentement, au cardio (mais oui !) et en étant vraiment facile tout le temps. Ça commence mal, Olivier est avec moi, je surfe sur les 150 bpm au lieu des 136 max prévus mais au moins, je suis à plus de 5 km/h. Quasiment 9 km/h même, avant d'entrer dans le cirque de Morèze qui vaut carrément le détour. 4 km sur un autre monde, et ensuite c'est le retour des vignes. Les montées sont raidasses, les descentes sont caillouteuses, pour l'instant c'est classe.

Je passe le premier ravito en pleine bourre : je m'arrête cinq minutes pour mettre des pansements aux talons... mes chaussures ont pourtant 5 km au compteur (sortie de la veille) mais je sens quelques échauffements et comme je n'ai pas fait de préventif pendant que j'en avais le temps, je choisis de m'arrêter pendant qu'il fait encore jour. La descente est super rigolote, j'aime.

Je crois que c'est en sortant Des Crozes que je mets ma frontale, et que commence une sacrée partie de gambettes qui tournent avec l'ami Arnaud. Il m'a interpellé un peu plus tôt en me disant qu'il connait un certain Olivier qui sévit sur ce forum (vous l'aurez deviner, j'ai un écusson sur mon sac). Hum, vu qu'il s'entraîne avec Bikoon (puisque c'est de cet Olivier qu'il s'agit), je me doute que notre partie commune sera succincte (je suis en forme mais pas au niveau d'un Bikoon, je connais mes limites, même si Arnaud me précise ensuite qu'il est moins rapide... j'ai des doutes !). Toujours est-il que nous attaquons la nuit ensemble. Je sais qu'il faut être cool, qu'il faut gérer... je sais aussi que la chaleur sera terrible le lendemain et qu'il serait peut-être avisé de tracer un minimum dans la nuit, quitte à devoir le payer un peu plus, plus tard. A posteriori, je pense que j'étais dans un très bon rythme, pile bien, même. Et donc, cet Arnaud n'amuse pas le terrain. Il veut aussi se préserver pour la suite et vise une arrivée en moins de 30 heures, autant dire que je le suis à la trace. Il me largue un peu avant Vailhan — qu'elle est belle cette dernière section, bien roulante, avec la Lune et les étoiles pour compagnie, une fraîcheur toute relative, un régal !

Vailhan arrive donc et avec elle son ravito et son départ de la 6666. 4h35' de course environ (20' de retard sur les prévis 28 h, mais à ce moment là, je sais juste que je suis largement au-dessus des 5 km/h et que donc logiquement, faudrait pas accélérer plus, surtout !). Un peu de monde, un p'tit coucou à Jérémy-Mister Okidosport himself, 5' pour remplir les gourdasses (eau gazeuse dans la poche, Ergysport orange + eau plate dans la gourde), un p'tit coup d'Occitan Cola, deux morceaux de bananes (qui vont directement dans les p'tites poches de mon t-shirt : trop d'la banane), trois Tucs et je repars en même temps qu'Arnaud, cool. Il a l'air un poil remonté quand même le bougre et avec lui, je passe d'un mode touriste à un mode « mon gars, le GRO c'est quand même un objectif de l'année, t'en feras pas des tonnes des 150 bornes dans la saison alors faudrait peut-être se concentrer un minimum et envoyer du... GRO ». Et donc nous parcourons les collines hors et sous la végétation (bigre, ça garde bien la chaleur ces arbres là) en relançant tout le temps, tout en papotant, un régal. Manque de bol, Arnaud se prend une ronce ou un truc du genre en pleine figure et après avoir vainement essayer de se faire plaindre, préfère prolonger légèrement l'arrêt à Faugères. Sans aucune pitié ni aucun remord, je l'abandonne à son sort en repartant 6' après notre arrivée commune : remplissage de la poche, de la gourde (il me reste de l'Ergysport qui sera fortement dilué du coup), prendre quelques Tucs, des fruits séchés, raisins et deux morceaux de banane dans les poches.

Faugères—Lamalou (partout !)
Banzaï ça repart, après environ 7h20' de course (et toujours une vitesse moyenne largement bonne). Je me perds un peu dans le village (en cumulé, ça doit faire pas loin de 200 m sur toute la course, c'est dire si le balisage était conséquent !). Je suis toujours sur un rythme « on lâche rien » mais c'est quand même moins marrant tout seul. Je me dis à ce moment que j'aurais peut-être pu attendre Arnaud vu que c'était sûrement l'histoire de quelques minutes, et puis je me dis aussi que vu sa vitesse, il ne tardera pas à me rattraper. Bref, le temps passe, je manque d'écraser un cactus qu'une bénévole éclaire exprès pour que l'on puisse l'éviter et je passe un magnifique moulin avant de replonger dans la nuit.

En même temps que les temps de passage que je n'ai pas eu la bonne idée de retenir (sic !), je m'étais dis que les premiers de l'Occitane (mais si, la course de sprint, là, vous savez ?) devaient me dépasser entre les 50 et 60e km. Superbe estimation pifométrique, puisque les quatre premiers me doublent (en tombant plus qu'en courant), pile dans la descente du pic du Tantajo (55e km, c'te classe), une sorte de... pierrier bizarre, dans les pierres roulent tant qu'elles peuvent, alors que pour ma part, je serais plus proche de l'arrêt. Bref, ça redevient plus roulant ensuite, coup de bol. Tout va très bien pendant un bon bout de temps, avant de... bah oui, d'aller un peu moins bien, forcément. J'ai un petit coup de mou, assorti d'une bonne période de nausée et d'une forte envie de dormir. Ça me prend vers 4h du matin et dans une côte... misère c'te côte ! Je n'avance plus, j'ai un petit peu envie de m'arrêter et de faire du stop. Mais enfin arrive le point haut... et la descente. Youpi c'est la fête ! Ah, ah non, non carrément pas, je suis encore plus lent dans la descente, une misère ! En plus je manque de me gameler (elle aurait été belle, au point à mon avis de devoir attendre du stop pour le coup, et même un brancard et tout parce que je partais nez en avant en plein dans une belle rangée de pierres qui n'avaient pas franchement l'air accueillant). Je ne dois mon salut qu'à une branche qui va se laisser attraper par les bouts de mes doigts de la main qui tient la gourde : ouééééééé. Au moins, ce coup d'adrénaline me réveille et j'en profite pour ranger ma gourde, yerk ! Et puis finalement tout arrive, et même Lamalou (L'as mal où ? Mais partout mon gars, partout !). Une longue traversée de village m'amène dans une salle où l'animation bat son plein : wahou, comme ça fait du bien de retrouver des gens !

Je rencontre là Iffic, Jym en pleine discussion avec Françoise (Antranik fait le sprint). Je décide de m'accorder une bonne pause parce que je le vaux bien. Changement de piles du GPS, de la frontale (que je range en même temps puisque le jour se lève), niveau d'eau dans la poche et la gourde, soupe, pain (super bon, je me suis régalé !), fruits secs et Tucs, comme d'hab. J'ai l'air de beaucoup manger mais en fait ce n'est pas l'orgie ; je surveille les arrivants derrière moi et dis aux autres que je veux repartir avant qu'Olivier n'arrive. Malheureusement, Françoise m'explique que de ce point de vue là au moins, le contrat est rempli : Olivier s'est fait une entorse au bout du 9e km et s'est arrêté un peu plus tard... crotte de flûte, c'est pas comme ça que je m'attendais à le pourrir. Je me plais bien à Lamalou, mais le chrono tourne et le soleil aussi, alors j'y retourne. Pile au moment où Arnaud déboule. Là me dis-je, c'est tout bon, il va redémarrer dix minutes après et devrait donc me rattraper avant le prochain ravito.

Lamalou—Olargues, Olargues m'a (presque) tuer
Je repars de Lamalou à 5h30 du matin, après donc 11h30' de course. J'ai encore 20' de retard sur la prévi 150% du temps du premier, mais je ne le sais toujours pas à ce moment... ce qui je dois dire est assez cool. Le ciel s'éclaircit rapidement pour profiter de cette montée de descente de vtt (vous suivez ?). Une courte section jusqu'à Colombières sur Orb avec juste un truc nommé « Madale » dedans, rien de bien méchant... oups. Non bon en fait ça passe bien pour moi, Madale, ça me plaît, je suis encore en forme et il ne fait pas chaud, le rythme est bon, je profite.

L'arrivée sur Colombières est chouette et là je réalise que je peux faire un truc sur cette course, nom de Zeus ! Ce ravito est aussi celui où l'on a un sac. Alors je ne change pas le rituel : eau gazeuse dans la poche, Tucs, bananes dans les poches, fruits secs et je me prends un Coca de mon sac pour le mettre dans la gourde. Je prends aussi un sachet d'Effinov menthe dans mon sac, à mettre dans ma gourde au ravito suivant : je savoure déjà de prendre de l'eau parfum menthe dans la chaleur de la journée. Et je repars le couteau entre les dents... ou presque (faut pas déc quand même, je sais déjà que je n'irai certainement pas à Madagascar l'année prochaine — oui, les vainqueurs ont une invitation pour une course à Madagascar en mars 2013). Et incroyable mais vrai, je pointe 14e à ce ravito, trop la classe.

La montée qui suit se passe bien, je suis content d'être là, on suit un ruisseau magnifique qui dessine des vasques dans la roche, c'est trop géniaaaaaaaaaaaaaaaaaaal. Les ruisseaux pour se rafraîchir sont nombreux, je m'asperge à chaque fois la tête, le dos, les jambes, je trempe casquette et buff pour dégouliner au moins quelques minutes après. Le seul hic en fait, c'est la chaleur, parce que ce n'est pas 12h—21h la période chaude la journée, mais plutôt à partir de 11 h... voire moins. Et là, ça commence donc à faire très chaud, les pulsations montent en même temps que la pente, les jambes commencent à souffrir, surtout que le parcours est loin d'être roulant de mon point de vue.

J'arrive à Mons un poil fatigué (en 17h55' environ, 10' d'arrêt) et en repars pas en grande forme. Je ne prends pas beaucoup de victuailles, et je n'ai pas mangé depuis peu après Colombières. La chaleur m'aura un peu couper l'appétit. La suite sera pire, bien entendu. Jusqu'à Olargues, je vais cramer, sécher, dessécher, exploser, partir en fumée, m'écrouler. Je ne me rappelle plus très bien de cette section, à part que — quand même — c'est beau, qu'il y a du monde avec moi, et que c'est dur. Le Carouxxxxx, euh... bah j'ai pas trouvé de rime alors tant pis. Tous les ruisseaux servent à m'arroser, mais ça ne dure jamais assez longtemps et puis il n'y en a pas assez souvent. Et puis, comme avant déjà, tout arrive : même la descente vers Olargues. Ah, cette descente. Attention à ne pas vous cramer les quadris disait Antoine avant le départ... la vache, je ne sais pas comment on pourrait faire autrement !? C'est pas roulant, tout roule pourtant, des marches, des cailloux partout, je ne vais pas encore faire preuve d'une belle technique là dedans. Et puis, enfin, enfin, des spectateurs (mais oui j't'assure, cher lecteur assidu noyé dans cette saine lecture !). Ah, ces spectateurs, signe d'un proche ravito, ah que c'est bon. « Allez, la descente et le ravito, vous êtes arrivés ». Ahhhh. Ah, mais non. En fait. Non parce qu'après avoir passé la rivière, il reste deux côtes courtes et abruptes qui me mettent à zéro. Je fais même un stop debout, les bras en croix sur un rocher. Tout ça pour quoi ? Voir un immeuble du XIIe siècle (une tour qu'ils appellent ça, mouais...) et des escaliers (eux aussi ils sont beaux... mais je me serais bien passé de les descendre) ? Ah, misère ! Heureusement qu'Antoine court plus vite que moi !

Bref... j'arrive à Olargues épuisé mentalement, et maxi-super-sec de l'intérieur. Olargues... 1h20' d'arrêt. Je passe le temps dehors à téléphoner ou à rêvasser, et surtout penser à autre chose que la suite. Et puis... et puis... faut bien y retourner. Je ne suis pas venu jusque là pour arrêter à cause de la chaleur, vu qu'il me reste 16 h pour finir la course, ces malheureuses 30 bornes. Je pourrais me faire une grosse sieste là si je devais alors je prends mon courage à deux mains et puis je m'en vais.

Olargues—Roquebrun
Je repars au bout de 23h40' de course. Et comble de... je ne sais pas quoi, je suis encore dans les temps pour les trente heures. Incroyable. Je sais pourtant que ça ne va pas durer et je m'en contre-fiche. Je m'accorde une petite pause allongé à somnoler sur le bas-côté de la route, avant de rejoindre la piste surchauffée ; je me serais bien mis en plein milieu mais de toute façon, il n'y a pas de voitures alors je ne risque pas de me faire écraser, tant pis, autant passer un moment à l'ombre alors... oui parce que la montée se fait en plein cagnard, toujours et encore. Donc ces dix bonnes minutes me font du bien. Je repars serein avec une stratégie : je marche jusqu'au prochain ravito et ensuite, j'essaierai d'en garder pour les descentes. Voilà une bonne résolution de prise, reste plus qu'à la mettre en pratique. La piste en faux-plat me fait du bien, ça déroule et je marche d'un bon pas. Et cela me permet d'arriver (tout court, mais c'est déjà pas mal) au pic de Naudech. Naudech, 5' d'arrêt pour discuter avec les bénévoles, à qui j'emprunte un p'tit siège fort agréable. J'en peux plus trop, la fin va être longue quand même.

Et puis la résurrection. La surprise, l'authentique coup de boost qui arrive avec un « mais non t'es pas fatigué » d'Arnaud. Arnaud m'a rejoint, you-hou les p'tits loups c'est trop d'la banane, Arnaud est là ! Je ne lui demande pas comment il a fait pour ne me rattraper que maintenant, alors que je le pensais définitivement arrêté puisque sans nouvelles de lui au départ d'Olargues après un arrêt plus que conséquent. Il me dit qu'il est nase et commence la descente avant moi. Je lui emboite le pas deux minutes plus tard, le temps de passer un coup de fil. J'allonge la foulée, je suis de nouveau en phase avec mon moi coureur. Et puis le ciel s'est couvert et le vent s'est levé, apportant une bonne fraîcheur. Je m'arrête une minute pour changer les piles de mon GPS (prrffft) et repars à la charge pour le rattraper. Mais que nenni, le coquin en a profité pour rigoler aussi dans cette descente, faite à bonne allure.

Je passe un peu trop de temps à Vieussan mais Arnaud m'attend et nous repartons ensemble. Très vite dans la montée suivante, la chaleur revient et le cardio craque : je n'avance pas et je suis très haut dans les pulsations, je préfère m'arrêter fréquemment. Je laisse donc Arnaud s'enfuir doucement en espérant le revoir avant l'arrivée. Et puis la nuit tombe, et j'arrive à ne pas trop me faire distancer et reviens même sur lui et un copain d'infortune, qui préfèrera lui faire une sieste sur le bord du chemin.

Et nous allons donc finir cette course ensemble, en relaçant à chaque fois que c'est possible, en gardant les yeux rivés sur le balisage et sur le GPS pour savoir ce qu'il nous reste à faire. Et c'est chouette. Tout seul, cette section m'aurait coûté vraiment cher en temps et en envie, alors merci Arnaud, c'était presque bon !

Derniers lacets sur Roquebrun, enfin une route, on déroule et voilà, une ligne franchie dans l'allégresse. Olivier est là, en pleine forme, c'est la classe.

31h49' de course et 15e ex-æquo (sur 31 arrivants et 83 inscrits) au final ; je fête cette victoire au rosé, qui accompagne le repas d'après-course. Un p'tit coucou à Antoine (merci, je suis officiellement UFO : un finisher occitan), un repas, une bonne douche bien chaude et une superbe nuit offerte par mon compère Olivier dans son Espace : la classe. Et en cadeau bonus, il fera le retour en conduisant seul, préférant user de sa cheville malade plutôt que de confier le volant à un poulet rôti en mal de neurones — merci, j'ai pu fermer les yeux sans remords sur le trajet.

Ah au fait, c'est Òscar qui remporte la course, mais un peu moins vite que prévu et du coup, mon temps d'arrivée colle quasiment avec les 150% de mes prévis : je crois que c'était mon destin, ce week-end, de remplir les conditions sans le savoir !

Morale de l'histoire : la chaleur c'est bon, mais plutôt allongé sur une chaise longue à siroter un milkshake à la banane.

Épilogue : j'atteins un poids de forme à 59 kg lundi matin, en n'ayant pas arrêter de manger et boire de tout le dimanche... jeudi premières foulées sans aucune douleur ni gêne... je suis convaincu d'être parti sur le bon tempo, et que même si j'avais été moins vite au départ ou dans la nuit, j'aurais tout de même été scalpé par la chaleur donc aucun remord, même que du positif ! Je suis en pleine forme pour plonger dans une semaine de récupe (bientôt terminée) et une semaine d'affûtage avant l'Aravis trail. Youpi c'est la fête !

S.//rock

P.-S. Ah, je ne sais pas ce qu'il se passe, ce n'est pas 31h43' de course mais bien 31h49'. J'ai lu un « 3 » au GPS en arrivant dans la nuit et depuis, mon cerveau n'imprime pas que j'avais mal lu un « 9 ».

dimanche 23 octobre 2011

Belfortrail

DEUXIÈME PARTIE D'UN SUPERBE WEEK-END VOSGIEN. APRÈS LA SORTIE APÉRITIVE TOUT EN BONNE HUMEUR DE LA VEILLE, LE DÎNER GARGANTUESQUE ET LA COURTE MAIS TRÈS RÉPARATRICE NUIT DE SOMMEIL, C'EST LE SOURIRE AUX LÈVRES QUE J'ABORDE CETTE JOURNÉE.

Il est l'heure ! Didier tient son rôle de réveil matin à merveille, son sourire serait peut-être un peu narquois mais c'est de bonne guerre... après tout, j'ai choisi de courir pour de vrai aujourd'hui. Attention, je ne veux pas dire que la journée d'hier était de tout repos... non, simplement aujourd'hui il y aura un chrono, beaucoup plus de monde et beaucoup moins de discussions. Le petit déjeuner royal (vous commencez souvent votre journée par un kougloff ?) avalé, je me fais emmener à Sermamagny par Martial, qui a réussi à trouver une occupation dominicale in extremis pour ne pas faire la course. L'effervescence est de mise au retrait des dossards. Pourtant, pas d'attente, un peu de place pour s'équiper au chaud, tout est parfait pour se mettre dans le bain.

L'heure du départ approche, et l'heure des questions aussi. Je ne m'en étais pas trop posé jusque là, bien m'en avait pris. Avec 50 kilomètres et 2300 m de dénivelé positif au programme, j'estime ma balade à 7 heures d'effort en y arrivant frais. Oui mais voilà : la sortie d'hier ne compte pas pour du beurre. On a bien rigolé, fait de nombreuses pauses mais les jambes sont rincées par le dénivelé, bien moins fraîches que mes pensées. Alors outre le fait de me faire plaisir au maximum, mon seul objectif sera de rentrer suffisamment tôt pour prendre mon train, à Belfort, le soir même... si je suis un peu trop lent, il n'y aura pas d'alternative : abandon !

Dès le départ donné, je ne suis pas surpris de me retrouver en fin de peloton. Je garde un rythme tranquille, une foulée la plus souple et légère possible... et me fais doubler, sur cette première partie plate entre les étangs de Sermamagny. À peine une demi-heure et déjà je regarde mon allure au GPS : tout va bien, relax, le train n'est pas pour tout de suite. Les premières côtes se passent bien, les descentes également. Je ne suis pas si mal, je peux commencer à mettre de côté mes impératifs pour profiter. Je n'ai pas eu trop de temps pour regarder le profil, je me rappelle juste des côtes les plus sévères et des deux ravitaillements qui pourraient diviser la durée d'effort en trois tiers, on peut toujours rêver. Au bout d'une heure de course pourtant, le déclic. Je me laissais porter par le courant, regardant à droite et à gauche, profitant des couleurs de la forêt, des sentiers, un peu en l'air parfois aussi et puis à la faveur d'une traversée de champ recouvert de givre, une idée lumineuse surgit dans mon cerveau endormi. C'est tout de même une course, et les courses, c'est tout de même fait pour essayer de se donner un peu de mal, non ? L'aspect contemplatif est important, mais si l'aspect chronométrique devait finalement être là, lui aussi... cela ne ferait-il pas un superbe week-end ? Avant de réfléchir trop pour stopper cette idée avec des arguments tous aussi béton les uns que les autres, je me lance : après tout, tester ces seuils de bien-être, douleur, récupération, c'est également profiter. Je profite donc de cette file indienne de coureurs devant moi pour faire ma trace dans le givre et doubler. Au moins, les pieds seront au frais. J'accélère légèrement et tâche de garder ce rythme. Le premier effet est de dérider un peu mon visage. D'une tendance « bien cool sur la réserve », je passe au mode « tout sourire » et rien que ça fait beaucoup de bien. Le deuxième effet est de commencer à remonter des concurrents. Un peu tôt bien sûr pour un pacman, mais après tout, il ne reste qu'un marathon (sic !). Le troisième effet est de repasser dans un mode de pleine confiance : ma foulée n'est pas moins souple qu'au départ, mon allure reste assez constante, les relances sont toujours là... pourvu que ça dure.

Le passage au premier point d'eau donne le départ des choses sérieuses : la première grosse côte est là et je saurai donc rapidement si je suis dans l'erreur. L'altitude augmente, et les paysages se découvrent, en plein soleil. Je monte rapidement, double toujours sans trouver l'effort trop absurde pour la suite et continue sur ma lancée. Le premier ravitaillement arrive au bout de 2 h 20 min au chrono, les sept heures sont dans ce rythme. À l'approche des tentes, je me fais une liste de mes besoins : je n'ai pas bu beaucoup, je suis parti avec le plein d'eau et de quoi manger, l'arrêt sera donc bref. Je sors mon gobelet, le remplis avec un premier Coca-Cola bu sur place, un second, j'attrape un morceau de banane et je reprends ma route en marchant, le temps d'avaler le tout, tranquillement. Résumé de ce premier tiers de course : tout va bien, rien à signaler, les sentiers sont ludiques, le paysage comme j'aime, je suis bien. Un petit peu de vallonné, un beau lac qui inspire la quiétude et viennent ensuite quelques kilomètres de pistes qui m'agrandissent encore le sourire. Je ne suis pas un fervent admirateur de ces portions roulantes... mais le fait de les prendre en courant alors qu'il serait tellement doux d'y marcher me ravit. Ensuite vient la montée du Ballon d'Alsace, le passage devant la statue de Jean d'Arc et une descente magnifique en forêt. Une bénévole me prévient du danger de glissade, je lui réponds bêtement que je vais me contenter de fermer les yeux. Je me régale sur cette partie, double encore et parvient en bas sans même l'esquisse d'une chute. Combien de fois faudra-t-il me le dire : l'entraînement paie. C'est vrai pour le volume en général, mais également pour le dénivelé. Une portion roulante permet de récupérer avant le clou du spectacle de cette 2e partie de parcours : la montée directe de la piste noire du Langenberg. 40% sur 500 mètres, ça calme. Heureusement le sol n'est pas boueux ce qui permet globalement de monter à chaque pas ! La relance au sommet est de courte durée puisque le deuxième ravitaillement est là, lui aussi passé rapidement. Je profite de la descente suivante, je n'ai plus grand risque de louper mon train alors j'essaie de ne pas ralentir, quitte à souffrir un peu sur la toute fin.

De belles cascades, des fermes-auberges (ouvertes... il faudra revenir), de beaux sentiers... tout va pour le mieux. Je commence à ralentir dans les côtes mais maintient un rythme suffisant pour encore grappiller quelques places et surtout conserver mon rythme « consistant ». Ce dernier tiers de parcours est bien vallonné, pas ennuyeux pour un sous et les sentiers sont toujours aussi beaux. Je guette les kilomètres au GPS et redoute un final longuet sur une route ou sur une piste qui casserait mon moral victorieux — de moi-même, c'est déjà pas si mal et c'était le but depuis presque six heures. Mes craintes sont vite envolées, dès que mes pieds retrouvent le bitume, des bénévoles et spectateurs sont là pour indiquer l'arrivée toute proche. Un petit coup d'œil en arrière (fierté mal placée) et c'est la ligne, moins de sept heures après le départ. Sourires, regards pétillants, soleil, je ne boude pas mon plaisir. Les douches sont encore chaudes, le menu est gastronomique, TSN ne néglige rien.

Malgré un handicap certain au départ, je ne me serai pas ennuyé une minute sur ce parcours. Les aspects doux des Vosges (avec un point culminant du parcours à 1247 m pour un départ à 400 m) sont pimentés par quelques côtes et descentes très techniques qui raviront les montagnards. Les relances ne sont pas non plus à négliger, le parcours est très complet. Le final direct est pour moi révélateur ; rien ne sert de rallonger pour rallonger, le fait de passer par les bons endroits sans chercher la difficulté à tout prix est un repos pour l'esprit quand on est dans le dur : sûr qu'au sommet de cette côte, ça vaudra le coût.

La morale de l'histoire, un week-end choc : pourquoi faire ? Eh bien pour profiter des copains, voir du pays, découvrir des endroits insolites et se sentir plus fort, malgré ces douleurs du début du 2e jour. Et puis cela sera utile pour la course suivante. Quelle course ? Ah, oui, il faudrait en trouver une, assurément. Ou alors un nouveau doublé, off+on, peut-être ? Rien de tel pour profiter.

samedi 22 octobre 2011

Off vosgien, « autour du Molkenrain »

QUI RÉSISTERAIT À L'IDÉE D'ALLER SE BALADER DANS LES VOSGES, COURIR, MARCHER, MANGER, DISCUTER EN DESSINANT DES PÉTALES AUTOUR D'UN SOMMET, BAIGNÉ DU SOLEIL D'OCTOBRE ? PAS MOI EN TOUT CAS, SURTOUT QUAND CELA CONSTITUE LA PREMIÈRE PARTIE D'UN WEEK-END AXÉ COURSE. SUIVEZ LE TOURISTE !

L'Est ne serait pas si loin ? Vu de Paris ou de ses environs, les Vosges ne sont tout de même pas à côté. Que l'on voyage en voiture ou en train, il faut compter en grosse demi-journée en cette fin de mois d'octobre avant de rejoindre Mulhouse. Dès la mi-décembre, les nouveaux aménagements de voies TGV rapprocheront un peu plus ces deux villes... plus rien ne vous empêchera d'y aller en train. Pour mon compte, l'aller-retour d'une douzaine d'heures porte-à-porte m'oblige à préférer un week-end choc. Alors quand Didier Petitjean propose un doublé « off le samedi plus course le dimanche » sur le forum Utrafondus, je saute sur l'occasion. Je connais déjà Didier pour l'avoir côtoyer de nombreuses heures lors de mon premier gros off... c'était déjà dans les Vosges, en juin 2007. En grande partie de nuit (évidemment, avec un départ à 22 h) et malgré la période estivale, la météo ne nous avait pas permis de profiter les paysages, même pendant la journée. Malgré les conditions et les difficultés pour mon niveau, j'avais été conquis par l'accueil, les sentiers, les échanges et les repas. C'est aussi ce même Didier qui avait proposé un bel enchaînement l'année passée avec le Grand raid 73 et le trail des Allobroges le lendemain... bref, Didier a toujours de bonnes idées et malgré sa propension à cultiver un air d'ours mal léché (auquel personne ne croit plus), il me tarde de retrouver sa compagnie, ainsi que celle de ses acolytes qui assureront la bonne humeur toute la journée.

Cette journée est partagée entre Ultrafondus et le Club alpin français de Mulhouse, histoire de grossir un peu les rangs. Nous nous retrouvons donc à sept en ce beau matin d'octobre sur le petit parking de Steinbach, au pied du Molkenrain, dont Didier nous propose une visite en quatre pétales, une cinquantaine de bornes et environ 3000 mètres de dénivelé positif. J'avais subtilement (sic !) émis l'idée d'une visite d'une ferme-auberge mais cette option n'est pas encore au programme lorsque l'on démarre notre périple... mais je ne perds pas espoir. Le soleil prévu tout le week-end ne parvient toutefois pas à percer la brume, avec une petit peu de gelée en ville et l'humidité ambiante, nous n'aurons pas trop chaud de toute la journée. La première montée permet de faire connaissance et de se mettre dans le bain. L'heure est au profit : le regard s'aiguise, les sens se réveillent pour capter et garder toutes ses sensations qui mises bout à bout vaudront bien un week-end passé loin de la famille. Les sentiers très bien entretenus et balisés (les amis de la nature du Vieil-Armand font un boulot épatant), ainsi que la mémoire visuelle de Didier nous permettent de nous balader sans crainte de faire des rallonges. Il est de toute façon impossible de se perdre ici, et à moins de le faire exprès, nous aurons toujours un sentier sous les pieds. Nous sommes montés pour mieux redescendre, c'est le thème de la journée. Le passage au ras du sommet, dans la gelée blanche et baignés de soleil est un régal... le passage au ras de la ferme-auberge sans un seul regard aux spécialités proposées un peu moins, mais j'ai toujours confiance : on finira bien par s'arrêter quelque part. Nous abordons ensuite une autre dimension, historique cette fois. Après avoir passé quelques panneaux retraçant les batailles de 14—18, nous entrons dans le vif du sujet avec un passage particulièrement fort : la montée de la tranchée de l'échelle du ciel (lire l'encadré). Nous sommes heureux de la prendre en montant, tant les marches recouvertes de feuilles sont glissantes... Nous continuons notre remontée dans le temps en longeant le cimetière militaire avant de retrouver notre cheminement pour le moins futile après ces pensées guerrières, en quête de nature.

Après un nouveau passage tout près du sommet du Molkenrain et pour nous remettre de nos émotions (les quatre pétales qui se transforment allégrement en cinq boucles), nous remportons un arrêt rapide dans la ferme-auberge Ostein des plus rustiques. Le feu dans le poêle n'est prévu que le lendemain, il n'y a pas de plats chauds proposés ni de tarte aux myrtilles, mais une boisson suffira à nous requinquer, avant de continuer notre descente et de repasser devant cette ferme à la remontée, qui se terminera au Rocher, après un passage droit dans le pierrier, à la recherche plus ou moins nonchalante d'un sentier qui ne nous manque pas : c'était la séquence rigolade de la montée. Le soleil est bien présent et nous chauffe pendant notre pause à ce sommet, avant de se laisser filtrer par les arbres quand nous pénétrons de nouveau dans la forêt. Nous remettons une petite couche supplémentaire dans la descente, la fraîcheur de la fin de journée reprend ces droits. Une piste forestière plus loin et nous entamons notre dernière côte, déjà. Courte et bien régulière, elle est avalée par tous les membres de notre équipe en un rien de temps... on en serait presque à regretter une sixième « face ». Enfin, cette idée ne reste pas longtemps dans mon cerveau, le programme du lendemain se charge de calmer mes ardeurs. Nous finissons cette journée en forêt par un sentier comme Didier les affectionne : glissant, rocailleux et en descente bien sûr, pour rejoindre notre petit parking. Un repas digne des Gaulois de bande-dessinée viendra clore cette belle journée de course, à la découverte d'une petite partie de ce beau massif des Vosges, alternant montées et descentes, fonds de vallée et vues dégagées, pistes et mono-traces, si loin des nuisances de la civilisation, en plongeant pourtant si près de ce que nos ancêtres ont dû enduré pour nous le permettre.

dimanche 27 mars 2011

Précis de balade dominicale (*), ou l’optimisation à la portée d'un poireau

La quatrième édition de l’Eco-Trail de Paris Île-de-France se tenait fin mars. Une grosse course du point de vue distance mais aussi de celui du nombre de participants (pratiquement 1900 partants sur le parcours de 80 km) en tout début de saison, de quoi porter un jugement sur mon volume hivernal et aussi essayer des trucs et astuces !

Absent des trois premières éditions pour des motifs pas forcément fondés, j’ai la possibilité en début d’année de mettre un terme à cette série. Je ferai donc l’Eco-Trail de Paris Île-de-France. Cette sortie devient au fil des semaines un véritable objectif, non seulement parce que ça serait dommage de louper une occasion de tirer un peu sur la machine entre copains, mais aussi parce que la probabilité de faire la 6666 Occitane, qui me semblait un très bon objectif en fin d’année dernière, s’amenuise.

Je pars du principe difficilement concevable que je ne m’entraîne pas. Je fais des sorties, dont l’enchaînement peut ressembler, de loin et à certains moments, à un plan structuré. Mais ça ne serait que fortuit : je décide par exemple en septembre de tenter un mini-dernier-objectif de fin d’année : tenir la moyenne (phénoménale pour moi) de 10 kilomètres par jour jusqu’au 31 décembre. Je passerai ainsi d’environ 50 kilomètres hebdomadaires à 70. J’y parviendrai presque, puisqu’il ne me manque qu’une trentaine de kilomètres fin décembre pour réaliser cet objectif. Le 1er janvier arrive sans grande résolution, mais avec l’envie de continuer sur ma lancée : et pourquoi ne pas tenter de tenir cette moyenne sur une année entière ? C’est ainsi que s'enchaînent sept mois avec un volume hebdomadaire qui avoisine la longueur de la course.

Je ne me sens pas invincible après un tel traitement, mais les jambes tournent dans un bon rythme, que les sensations soient au rendez-vous de ma sortie ou non et ce quelque soit sa longueur, ce qui ne m'était jamais arrivé. Manque de chance, je prends froid à trop vouloir faire l'estivant quinze jour avant le départ. L'avant-dernière semaine sera donc un peu perturbée et assez légère, contrairement à ce que je prévoyais. Ceci me décide sans trop me forcer à ne faire qu'une semaine d'un petit affûtage avant la course. Deux sorties de 15 km le dimanche et 70 km en cinq jours, ce n'est pas vraiment ce que j'appelle du tapering. Mais je me fais plaisir à reprendre mes marques du point de vue sensations et surtout respiration. Étonnante même, la sortie du jeudi me paraît poussive alors que je suis pratiquement à mon rythme le meilleur. Je me prends même à regarder mes semaines d'entraînements précédant mes deux courses les plus réussies sportivement parlant... me serais-je mis un peu de pression ?

Arrive le week-end. Un week-end de course chez les Ultrafondus est toujours un peu particulier. Ça commence le vendredi qui est consacré au stand, sous le chapiteau de la course. La Tour Eiffel se dresse devant nous, comme une donjon d'un château imprenable. Je ne lui jette que quelques coups d'œil placides, on verra bien demain. La station debout n'est pas conseillée la veille d'une course, mais mes jambes ne semblent pas trop souffrir. Seul hic, je ne bois quasiment pas de la journée, encore un mauvais point. Après avoir éviter de peu d'être embarqué dans une avant-course en forme de « off » pourtant prometteuse, je rentre chez moi pour une nuit un peu trop courte, mais particulièrement paisible, chose rare avant un événement de cette importance. La matinée est relativement stressante, il me faut préparer mon sac, l'itinéraire, la puce, m'occuper un minimum des enfants... je pars bien sûr en retard par rapport à l'horaire prévu, mais roule sans encombre jusqu'à la base de loisirs de Saint Quentin-en-Yvelines, où je décide bêtement de me garer plutôt que de tenter de trouver une place vers la gare avant de prendre une navette.

Nous y voilà. Samedi midi, je vadrouille à la rencontre des uns et des autres du côté de la zone de départ. J'ai mis au point une tactique toute personnelle la veille, partant du principe qu'il y aura des bouchons au premier ravitaillement. Je veux optimiser la logistique, pour essayer de profiter de cette course d'un point de vue sportif : toutes les conditions sont réunies pour faire une belle perf, ça serait dommage de s'en priver. Le paysage n'est pas différent de chez moi et je connais même quelques coins traversés par le parcours. L'idée de ne pas regarder tout le temps la forêt ni les panoramas ne me gêne donc pas trop. Celle de ne pas trop discuter non plus. Je me laisse même séduire par l'idée de regarder mon GPS tous les kilomètres. Horreur ! J'ai arrêté de courir des marathons car je ne supportais plus de courir les yeux rivés au chronomètre, et je remplace cet acte par son double : regarder un autre indicateur (la vitesse globale ici) pendant... plus de 80 km. Tout le monde peut se tromper ! Ce vendredi donc, après des heures de discussions sur le stand, me conforte dans mon idée de... ne pas m'arrêter au premier ravitaillement. Ce n'est pas conseillé par l'organisation – ça serait même le contraire – mais après tout, je sais que je peux tenir 55 km avec mon kit de survie, testé et approuvé après de nombreux « ultras du boulot » ces deux dernières années, de chez moi à mon ancien boulot parisien. Mon secret ? Une poche à eau de presque deux litres remplie d'un mélange d'eau et d'eau gazeuse, et une petite bouteille remplie de cola. Avec ça et deux compotes, je tiens des heures. Alors pourquoi pas sur une course ?

12 h 30. Le départ est donné sous un chaud soleil. Nous nous sommes placés avec mon compère assez proche de l'arche de départ et nous sommes littéralement engloutis par une marée humaine. Nos 10 km/h sont trop ridicules pour s'échapper. Ça donnerait tout de même 8 h 18 min sur la ligne d'arrivée puisque la course a été ré-évaluée à quasiment 83 km : je m'en contenterais bien. C'était d'ailleurs mon auto-pronostic super rapide que je donnais à qui voulait l'entendre : je vise 8 h pour les 80 km. Je le pensais avec quelques minutes derrière, de une à trente pour une course de rêve... moins de cinquante-neuf pour ne pas trop biaiser l'étude échocardiographique réalisée par une équipe médicale avant le départ et dès l'arrivée franchie. En parlant du cœur, c'est bien mon rythme cardiaque que je souhaite contrôler pendant les premières heures de course, avant d'essayer de contrôler la vitesse moyenne. Pour une deuxième utilisation du cardiofréquencemètre en course, je me fixe une limite à 160 pulsations par minute pour n'importe quel pic d'effort (principalement en côte, donc) sur ce début de course. Avec une fréquence cardiaque maximale près de 190 et après quelques essais, je sais que je peux tenir ce 160 pendant quelques heures ; je compte bien utiliser les pulsations gagnées au départ pour accélérer sur la fin. Mais bref, revenons à la course car c'est parti très vite devant, et vite de tous les côtés. À mon poignet, j'ai un peu plus de 140 pulsations par minute, une allure un peu au-dessus de 10 km/h, impossible d'aller mieux, je m'étonne de ces chiffres si bons et je m'étonne encore plus de résister à ces sensations d'allégresse. L'arrière des cuisses tire un peu depuis le départ, je paie raisonnablement ma station debout de la veille. Et pour le reste, mes muscles brûlent de se consumer. La première heure de course s'effectue au mental. Je n'avais jamais connu ça. Oui, je me freine. Tout mon être aspire à accélérer, à profiter des sensations de bien être que procure une bonne foulée enlevée. J'essaie de tromper mon cœur, mes muscles, mon sang en discutant, en me gavant de patience... en me promettant une revanche chevaleresque.

Deux heures passent ainsi, à lutter pour ne pas accélérer à la première occasion, pour ne pas doubler un groupe de coureur qui me ralentit un peu en descente ou sur un petit mono-trace bourré de racines... pour rester à l'abri et avoir ma revanche. Pendant ces deux heures, je bois peu, vraiment très peu... trop peu. J'engloutis une compote et vois arriver avec soulagement le premier ravitaillement. Ma course se joue là. Ma performance, mon chrono, mon objectif, tous ces termes que je n'emploie que rarement, et encore plus rarement ensemble. C'est ici, maintenant, que je décide de commencer à m'amuser, à laisser derrière moi tous les doutes, les appréhensions, les freins. Même si cela ne doit pas durer jusqu'à la Tour, j'aurais au moins eu ma période de « ça va déchirer grave ». Ravitaillement du 21e kilomètre, je passe sans un regard pour les tables certainement remplies de bonnes choses, cachées par une foule incroyablement dense. Cette cour d'école est passée en moins de 30 secondes, et me permet de gagner au moins une centaine de places.

J'accélère un peu, je me lâche, ça y est, c'est le moment, mon moment, pour profiter en situation des superbes sensations accumulées depuis ces derniers mois. Mes jambes répondent bien, je commence à relever un peu la tête pour profiter de tous les stimuli extérieurs. Le sérieux du dénivelé arrive, avec la succession des premières grosses côtes du parcours. Je n'avais pas de stratégie pour les gérer, le contrôle de la fréquence cardiaque m'en apporte une : je marche dès que j'atteins 155 battements par minute, sans pour autant couper mon effort, mais en m'accordant jusqu'à 160 avant de réfréner mon ardeur. Ce met en place automatiquement une respiration profonde – en insistant sur l'expiration – qui m'avait réussi lors de mes dernières courses, m'évitant un emballement dont j'étais assez coutumier... et que je payais d'une manière ou d'une autre au bout de quelques heures. Je grappille encore des places en montées. Dans la même idée, je déroule vraiment la foulée dans les descentes. Il n'y aura pas de grandes pentes trop dévastatrices pour les quadriceps, autant en profiter en s'amusant un peu. Je passe le 30e kilomètre avec toujours la même joie de courir, j'en rajoute même un petit peu, profitant au maximum de l'espace autour de moi. J'avale ma 2e compote et commence à penser avec avidité à ma bouteille de cola dans mon sac : allez, ça sera pour le 35e. Je bois toujours aussi peu. Je m'en rends compte mais mes réserves sont tout de même assez limitées, alors je garde mon rythme de petites gorgées de temps en temps. Et voilà le moment pour sortir ma bouteille, son contenu est avalé en deux côtes successives, on dira ce que l'on voudra, ce goût inimitable requinque. Je continue ma progression, la vitesse globale baisse à cause des montées mais les jambes ne s'en ressentent encore pas trop. La mi-course est passée avec un peu d'appréhension pour la suite. Mais quand je regarde les visages de ceux que je double, je me rassure en me disant que je ne dois pas aller si mal. J'ai bien envie de lancer un « allez, encore autant » à certains coureurs mais je me ravise craignant que cette réflexion soit mal perçue. Enfin, nous entrons dans le parc de l'observatoire de Meudon. Et pour la première fois depuis hier soir, je vois la Tour Eiffel. Le ciel est chargé, quelques gouttes commencent à tomber. Je sors ma veste peu de temps après, en profitant de l'arrêt obligé pour le contrôle des sacs. Je repars du contrôle en marchant, prenant le temps de mettre ma veste, avant de profiter encore du parc. J'y suis venu quelques fois pour courir, quelques fondus d'un laboratoire du CNRS y organisent un cross tous les ans, début janvier. Le terrain y est toujours gras, aujourd'hui il me paraît bien sec. Je me plais à passer lentement, avec le souffle régulier là où plus habituellement mes pieds martèlent le sol et mon souffle est court. Je croise un peu plus loin un célèbre Ultrafondus sur son vélo, qui m'accompagnera pendant deux bons kilomètres. Deux kilomètres gratuits passés à discuter du bon vieux temps et de l'avenir. Il me quitte en m'indiquant l'arrivée sur 2e ravitaillement. Celle-ci se fait par un long faux-plat montant, dans lequel je garde une petite foulée de course ainsi qu'un énorme sourire, ce qui dénote un peu avec les masques des quelques concurrents qui me côtoient. Je viens de terminer un très long et bon passage, le plus technique et difficile de la course ; il ne reste que 25 km, autant dire que... rien n'est joué.

C'est donc mon premier ravitaillement, et je n'en profite pas pour prendre mon temps. Il est très largement dimensionné pour accueillir le peu de coureurs qui arrivent à ce moment. Je remplis ma poche à eau pas encore à sec et sors mon arme secrète. J'avais en effet mis de la poudre de soupe aux légumes dans ma gourde, rangée dans mon sac. Je la remplis rapidement, engloutis sur place une poignée de raisins secs et deux Tucs, reprends deux morceaux de bananes et sors du ravitaillement pour me remettre de ces agapes en marchant. Un grand moment de quasi-solitude commence. Je reste derrière un gars à quelques dizaines de mètres et je ne le rattraperai vraiment que dans le parc de Saint Cloud. Quelques coureurs me doublent, j'en double quelques uns mais cette section est vraiment très calme. On sentirait presque l'attente avant le coup de fouet final. La vitesse moyenne devient ma motivation, j'avale ma soupe à vitesse grand V, alternant avec de l'eau fraîche. La déshydratation de cet après-midi commence à se faire sentir, je n'ai pas encore marqué le moindre arrêt technique... en six heures de course. L'optimisation entraîne la prise de risques, j'espère à ce moment que je pourrais arriver au premier étage avant d'être complètement sec. La nuit s'installe, les dernières côtes se transforment en faux-plats et sont avalées à bon rythme. Malgré les trois kilomètres supplémentaires annoncés au départ, le spectre des neuf heures s'éloigne... les huit heures piles ne sont plus envisageables depuis bien longtemps déjà, si elles ne l'ont jamais été, mais les neuf heures, limite pour participer à l'étude médicale, sont quasiment acquises. Ce deuxième objectif chronométrique m'aura bien motivé.

Et voilà le dernier ravitaillement, déjà. Je ne m'occupe même pas de ma poche à eau que je sais encore assez remplie pour les dix derniers kilomètres. Je demande un peu de soupe pour remplir ma gourde, prends encore quelques Tucs et raisins secs et reprends le parcours en mode marche, tout en les avalant. Encore deux minutes d'arrêt, après l'optimisation de l'hydratation, j'aurai bien optimisé les arrêts. Je sors ma petite frontale, qui s'avère un peu faible dans des conditions d'éclairage partiel. Je le savais et comptais sur le peu de temps à en avoir besoin pour contre-balancer ce défaut. Le timing est juste un peu plus serré qu'espéré. Je perds un peu de temps dans les chemins qui mène à la dernière descente de la course, et après celle-ci pour retrouver les balises autour des arbres, mais ensuite nous retrouvons l'éclairage urbain, la frontale devient vraiment peu utile. Là encore, j'ai bien fait de me contenter de cette double-LED super légère.

Enfin les quais, et la Tour scintillante à bout de bras. Bizarrement, c'est à ce moment que je retrouve des coureurs. Tout s'accélère ici, ceux qui souffrent depuis un moment n'en peuvent plus, ceux qui en ont gardé suffisamment sous les semelles prennent la poudre d'escampette. J'espère bien faire partie de ces derniers, mais je patiente encore un peu. Oh, pas longtemps, non. Au 74e kilomètre, un gars me double doucement ; son passage entraîne une réaction chimique dans mon cerveau. Si je dois accélérer, c'est le moment. Tant pis s'il est trop tôt ; même si je craque un peu plus loin, je ne devrais pas perdre trop de temps au final et puis j'aurais essayé, au moins. Sans compter que je ne suis plus à quelques minutes s'il m'arrivait de craquer complètement. C'est donc là que je place mon accélération foudroyante. Enfin, elle ne l'est que pour mon imagination, car tout mon être sait bien que je ne suis même pas à douze kilomètres à l'heure. Je ne regarde plus mon GPS, uniquement les quelques mètres devant moi. C'est un tort, je m'égare deux fois, deux fois de rien du tout, quelques secondes, mais cela casse la fragile volonté que j'avais de finir sur les chapeaux de roues. Et puis il y a les crampes, ou plutôt les quelques alertes sous les pieds, aux mollets et derrière les cuisses qui se tendent lorsque ma foulée n'est plus aussi souple. Et puis il y a la déshydratation qui commence à réclamer son dû, je m'arrêterai plusieurs fois sous les ponts. Ce n'est donc pas une fin chevaleresque qui m'amène au pied de la Tour, mais bien une fin d'ultra comme j'en ai l'habitude, ou tout tire ou coince plus ou moins, mais où mon sourire est comme une bonne étoile. L'arrivée sous la Tour Eiffel est phénoménale, les bénévoles bloquent les voitures pour nous laisser passer, la foule en délire nous acclame et enfin les escaliers sont là. Ah ! Quel agréable moment, après cette arrivée triomphale, d'avoir quelques minutes à soi, entre la Tour et nous-mêmes, à repenser à mon état à différents moments de la journée, à ma gestion de course et à toutes les bonnes décisions que j'aurai prises aujourd'hui. En franchissant la ligne les bras levés, je signe ma meilleure course de tous les temps, toutes distances confondues. La gestion du risque n'est donc pas seulement à portée de l'élite, le poireau moyen peut aussi avoir sa journée d'optimisation ! Pourvu qu'il y en ait d'autres.

Ça ne sera pas pour le lendemain. Après une soirée passée en très bonne compagnie, le retour sera plus problématique que l'aller. Tout va bien dans le RER qui me ramène à Saint Quentin, mais à minuit passé après presque neuf en de course, ma réflexion est limitée... il me faudra plus d'une heure pour retrouver ma voiture, esseulée sur le parking de la base de loisirs. Heureusement, le gardien me laisse en sortir et me permet de rentrer tranquillement chez moi. Dans la voiture, c'est gourde à portée de main, chauffage et sourire à fond. (*) La course a bien eu lieu un samedi, même si ça ressemblait à un 2e jour de week-end !

samedi 11 décembre 2010

Origole 2010, nuit blanche

Super content de cette édition !

Avant la course
Ufo-power à tous les étages des gradins du gymnase. C'est trop bon de revoir tous les potes en même temps, ah-ah, excellent, je suis heureux d'être là, même si l'idée de partir faire 75 bornes de nuit me laisse... euh... bizarre.

1re boucle, 3h26' - (200+ au départ 42e à l'arrivée) - cumulé : 3h26'
Tranquillement, un peu froid sur la fin mais je garde la veste dans le sac quand même. Le début passer à discuter avec Catson (un arrêt bas-côté m'oblige à le laisser partir... mais il allait trop vite pour moi de toute façon), un petit bout de Bombyx (juste pour nous dire qu'il est malade, alors qu'il paraissait en pleine forme, j'ai trouvé ?), Cap92 (la honte quand même, j'avais oublié que l'on avait mangé ensemble il y a un mois... des fois je me demande quand sortira le 1er disque dur à brancher sur le cerveau, ça me sera grandement utile), Lau toujours aussi à-la-cool et puis qui d'autre ? Euh... je ne me souviens plus. il y a du monde un peu partout tout le temps, ça crie et chante même (sic !) je ne me perd même pas (faut dire que j'ai aussi la trace au GPS) mais alors le marquage : grandiose !

Ravito no 1 - 7' - cumulé : 3h34'
Bref, Arrivé bien refroidi au ravito, je me demande s'il faut changer de chaussettes et renonce en pensant qu'un kilomètre plus loin je serai de nouveau les pieds trempés. Donc hop je ne traîne pas... surtout que Bottle et Tony viennent d'arriver. Donc 7' d'arrêt pour enfiler un t-shirt Ufo manches longues supplémentaire (4e couche par dessus les ThermoBreath+Wintertrail+t-shirt Ufo manches courtes !) reprendre une compote, une crème de marrons dans mon sac, trois Coca, du cake et des Tucs au ravito et je franchi la porte de sortie la bouche encore pleine.

2e boucle - 2h36' (22e à l'arrivée) - cumulé : 6h10'
Je repars donc assez vite mais je me fais bientôt remonter par Lau qui courotte/marchotte aussi vite que moi (qui courotte tout le temps !). Deux trois me dépassent, j'en dépasse deux-trois... cette boucle est superbe, bien froide et donc globalement assez tout seul, je m'épanouie (non sans déc, j'adore cette boucle, même si les pieds gèlent doucement). Plus aucun bruit, plaisir garanti.

Ravito no 2 - 7' - cumulé : 6h17'
Je me jette sur mon sac pour prendre encore compote/crème de marrons, remplir ma poche à eau avec de la Badoit rouge (je n'avais pas fait le plein au 1er ravito mais il m'en restait encore largement), et m'engouffrer tout ce que je trouve au ravito. Je ne traîne pas et repars sans avoir vu Bottle ni Bombyx (oh-oh !).

3e boucle - 3h49' (20e au départ, 18e à l'arrivée) - cumulé : 10h07'
Et là, la Bombyx-revival commence. Je cours assez longtemps avec un gars derrière (enfin, pas tout près quand même, assez loin pour me dire que je suis tout seul) qui finit par me passer lentement car il fait du cyrano -- moi je fais du fartlek : course sur le plat, marche ailleurs :-). Les côtes sont courtes mais raides, la neige est partout, la nuit encore bien noire, c'est un régal. Au bout de quelques côtes, je mets la musique pour rester dans le positif aussi longtemps que possible. Peu à peu le jour se lève et mes forces avec... mais comme Bombyx ne m'a pas encore passer, je me convainc qu'il est en moi : à chaque fin de côte, je penserai « relance mon gars, comme ferait Bombyx ». Et ça marche, bon j'ai des coups de « bien lent quand même » mais pas de vrai coup de mou, et la relance est toujours là, génial. Je rattrape même Catson et le gars-en-cyrano (Thomas d'après le classement), ma motivation ne baisse toujours pas... j'étais venu en me disant que ça serait l'horreur, et finalement je me retrouve dans un pays de bonheur : neige, bois, seul au monde. Je suis la trace 2009 au GPS et lorsque je débouche finalement sur un bon gros chemin tout plat qui semble bien prendre la direction de l'arrivée, je ne peux pas m'empêcher de sourire. Je relance et accélère même un petit peu, ah-ah. Deux bénévoles et deux traversées de routes plus loin, je reprends le chemin du départ de cette 3e boucle en sens inverse (non, je n'ai pas hésité à tourner à droite pour la refaire : je suis content mais explosé !), je me retourne encore quelques fois pour vérifier que personne ne déboule derrière (mais ouf, rien, pas même un Bottle ou un Bombyx) et savoure ces derniers virages, You-hou ! J'entre dans la salle, fais mon show, entends les Ufos déjà arrivés et crie un magnifique Ufo-power!

Une fois récupéré mes quelques neurones, je croise enfin Philgrizzli et l'enguirlande de termes élogieux sur cette édition : marquage impeccable (nan mais sans déc, le boulot pour le débalisage, au secours !) et les bénévoles super-top sympas qui se pèlent toujours autant aux croisements ou en pleine forêt, chapeau.

Swampy et Wouter sont bien sûr déjà là -- pétard de pétard le Swampy ! you-hou well done! --, heureusement Ultra-Steph qui finit pas si loin devant moi -- si j'avais su j'aurais accélérer (arf, c'est une blague, hein !) -- et malheureusement les Ufottes Koline (1 boucle de régal) et Le Piou (2 boucles de régal) et même le Paulo qui en a fini avec son serre-file 2e boucle (là à sa place sans torsion de jambe... j'aurais pas osé).

Je peux savourer les arrivées des suivants, et surtout celle de Bombyx que j'ai -- il faut bien le dire -- pourri comme il faut (il vous dira qu'il était malade mais ça ne tient pas !). Par contre je loupe Catson à l'arrivée, merde ! comment c'est possible ? Je ne traîne pas trop, il faut que je rentre pour amener toute la famille voir Henri Dès en concert... après 2h à chanter et à taper des mains avec cinq cents personnes, 1h20' pour rentrer en passant par les Champs pour voir les arbres décorés (ça, on a eu le temps de bien les voir !), je suis complètement cuit et j'ai faim, mais faim !

J'en ai fini de cette troisième et dernière Origole... cette édition était vraiment douce comparée aux autres, une nuit blanche à double titre, un régal. Mais à la réflexion de ce qui se trame, on dirait que les précédentes étaient pas trop pires, voire même gentilles quand on y pense : place à la méchante-Origole en 2012. J'en serai. Le travail mental a déjà commencé.

mercredi 10 novembre 2010

Pony Express!


Karl et son Pony Express

samedi 6 novembre 2010

Grande enquête lecteurs Ultrafondus

Ne perdez pas de temps.

Ultrafondus à besoin de vous !