Pfff, j'ai un peu la flemme de faire un vrai CR. C'est bien la première
fois que ça m'arrive. Mais ch'ais pas, trop de soleil sans doute...
alors ça va être court [édit : finalement, pas tant que ça... mais vous
savez jouer de l’ascenseur si vous voulez l'épilogue tout de suite !].
Un GRO de plus, c'est parti !
Alors donc reprenons. Le Grand raid occitan, c'est ma première course depuis des années, hum, des mois, hum, depuis fin mars exactement, c'est dire si ça me démange d'aller gambader sur de l'herbe tendre dans une douce chaleur avec des copains (teaser, à prendre avec des pincettes). En plus, je suis plutôt en forme, avec un poids de forme et j'ai fait le plein de kilomètres depuis le début de l'année, négligeant peut-être un peu le dénivelé, mais bon, hein, on est pas à 7700 mètres près. Donc, au plaisir de courir avec d'autres, j'ajoute le plaisir de la performance, à mon niveau bien sûr.
Après quelques essais de déstabilisation les jours précédents la course, on se dit avec Olivier que les trente heures sont jouables. Moi ça me va, du moment que je termine devant lui ! J'ai le luxe cette fois-ci de préparer mon sac deux jours avant la course et c'est vraiment royal. Je me fais une nuit agitée l'avant-veille, me laissant super zen la dernière, top cool. J'ai les traces GPX dans mon Foretrex, quelques jeux de piles rechargeables et je me fais même un p'tit plan de marche à partir des prévisions de passage du premier à chaque ravito... en ajustant à 150% du temps bien sûr. Ça me donne une arrivée dans les 28 heures, ce qui n'est pas sans éveiller en moi une certaine envie. Hein ? non, bon, passons. Je vise trente heures en ayant aucune, mais vraiment aucune idée des temps de passage auxquels ça correspond. Mais comme j'ai le GPS, je me dis que tant que je suis au-dessus des 5 km/h, ça devrait le faire. Imparable.
Lever aux aurores, j'ai le temps de prendre un p'tit déj normal d'avant-course en attendant Olivier91 qui arrive à l'heure prévue. Cool, jusque là, tout va bien. La route se passe bien, vite même, ces autoroutes sont vachement agréables : peu de monde et ça tourne un peu, juste assez pour ne pas être ennuyeux. Bref, nous arrivons sous une bonne chaleur et allons récupérer dossards et horaires de départ. Un petit repas vite fait (spécial coureur : escalope et pâtes à la sauce champignons, 9 €, allez-y c'est bon) et ensuite nous nous garons sur le parking des départs de canoés. Oh pétard, l'Orb coule tranquillement, bien fraîche, les canoés sont là, mmmmmm, j'ai bien envie d'aller pagayer un peu mais c'est pas le topo prévu, in fact.
À la place, nous allons passer une heure trente dans un bus, comme pour aller en sortie, à l'école. Il nous reste assez de temps arrivés au lac du Salagou pour prendre une bouffée de chaleur. J'avais plus ou moins prévu de cramer entre midi et 18 h... mais Antoine avant le départ me dit de plutôt prévoir jusqu'à 21 h. Ouch. Comme je n'ai aucune idée de comment je me comporte sous la grosse chaleur, ça ne change pas grand chose, hein ?
Allez zou, c'est l'heure du départ. Je me suis bien arrosé le buff au robinet, que je place sous ma casquette, en saharienne. Je rejoins le groupe et me place stratégiquement au bon endroit : 5e rang en partant de la ligne de départ. C'est idéal puisque je suis aussi au 5e rang en partant de la fin, j'adore ces petits contingents de coureurs. Très classe.
Salagou—Faugères
Ma seule tactique (à part celle de tenir les 5 km/h le plus longtemps possible et surtout rester devant Olivier) était de partir lentement, au cardio (mais oui !) et en étant vraiment facile tout le temps. Ça commence mal, Olivier est avec moi, je surfe sur les 150 bpm au lieu des 136 max prévus mais au moins, je suis à plus de 5 km/h. Quasiment 9 km/h même, avant d'entrer dans le cirque de Morèze qui vaut carrément le détour. 4 km sur un autre monde, et ensuite c'est le retour des vignes. Les montées sont raidasses, les descentes sont caillouteuses, pour l'instant c'est classe.
Je passe le premier ravito en pleine bourre : je m'arrête cinq minutes pour mettre des pansements aux talons... mes chaussures ont pourtant 5 km au compteur (sortie de la veille) mais je sens quelques échauffements et comme je n'ai pas fait de préventif pendant que j'en avais le temps, je choisis de m'arrêter pendant qu'il fait encore jour. La descente est super rigolote, j'aime.
Je crois que c'est en sortant Des Crozes que je mets ma frontale, et que commence une sacrée partie de gambettes qui tournent avec l'ami Arnaud. Il m'a interpellé un peu plus tôt en me disant qu'il connait un certain Olivier qui sévit sur ce forum (vous l'aurez deviner, j'ai un écusson sur mon sac). Hum, vu qu'il s'entraîne avec Bikoon (puisque c'est de cet Olivier qu'il s'agit), je me doute que notre partie commune sera succincte (je suis en forme mais pas au niveau d'un Bikoon, je connais mes limites, même si Arnaud me précise ensuite qu'il est moins rapide... j'ai des doutes !). Toujours est-il que nous attaquons la nuit ensemble. Je sais qu'il faut être cool, qu'il faut gérer... je sais aussi que la chaleur sera terrible le lendemain et qu'il serait peut-être avisé de tracer un minimum dans la nuit, quitte à devoir le payer un peu plus, plus tard. A posteriori, je pense que j'étais dans un très bon rythme, pile bien, même. Et donc, cet Arnaud n'amuse pas le terrain. Il veut aussi se préserver pour la suite et vise une arrivée en moins de 30 heures, autant dire que je le suis à la trace. Il me largue un peu avant Vailhan — qu'elle est belle cette dernière section, bien roulante, avec la Lune et les étoiles pour compagnie, une fraîcheur toute relative, un régal !
Vailhan arrive donc et avec elle son ravito et son départ de la 6666. 4h35' de course environ (20' de retard sur les prévis 28 h, mais à ce moment là, je sais juste que je suis largement au-dessus des 5 km/h et que donc logiquement, faudrait pas accélérer plus, surtout !). Un peu de monde, un p'tit coucou à Jérémy-Mister Okidosport himself, 5' pour remplir les gourdasses (eau gazeuse dans la poche, Ergysport orange + eau plate dans la gourde), un p'tit coup d'Occitan Cola, deux morceaux de bananes (qui vont directement dans les p'tites poches de mon t-shirt : trop d'la banane), trois Tucs et je repars en même temps qu'Arnaud, cool. Il a l'air un poil remonté quand même le bougre et avec lui, je passe d'un mode touriste à un mode « mon gars, le GRO c'est quand même un objectif de l'année, t'en feras pas des tonnes des 150 bornes dans la saison alors faudrait peut-être se concentrer un minimum et envoyer du... GRO ». Et donc nous parcourons les collines hors et sous la végétation (bigre, ça garde bien la chaleur ces arbres là) en relançant tout le temps, tout en papotant, un régal. Manque de bol, Arnaud se prend une ronce ou un truc du genre en pleine figure et après avoir vainement essayer de se faire plaindre, préfère prolonger légèrement l'arrêt à Faugères. Sans aucune pitié ni aucun remord, je l'abandonne à son sort en repartant 6' après notre arrivée commune : remplissage de la poche, de la gourde (il me reste de l'Ergysport qui sera fortement dilué du coup), prendre quelques Tucs, des fruits séchés, raisins et deux morceaux de banane dans les poches.
Faugères—Lamalou (partout !)
Banzaï ça repart, après environ 7h20' de course (et toujours une vitesse moyenne largement bonne). Je me perds un peu dans le village (en cumulé, ça doit faire pas loin de 200 m sur toute la course, c'est dire si le balisage était conséquent !). Je suis toujours sur un rythme « on lâche rien » mais c'est quand même moins marrant tout seul. Je me dis à ce moment que j'aurais peut-être pu attendre Arnaud vu que c'était sûrement l'histoire de quelques minutes, et puis je me dis aussi que vu sa vitesse, il ne tardera pas à me rattraper. Bref, le temps passe, je manque d'écraser un cactus qu'une bénévole éclaire exprès pour que l'on puisse l'éviter et je passe un magnifique moulin avant de replonger dans la nuit.
En même temps que les temps de passage que je n'ai pas eu la bonne idée de retenir (sic !), je m'étais dis que les premiers de l'Occitane (mais si, la course de sprint, là, vous savez ?) devaient me dépasser entre les 50 et 60e km. Superbe estimation pifométrique, puisque les quatre premiers me doublent (en tombant plus qu'en courant), pile dans la descente du pic du Tantajo (55e km, c'te classe), une sorte de... pierrier bizarre, dans les pierres roulent tant qu'elles peuvent, alors que pour ma part, je serais plus proche de l'arrêt. Bref, ça redevient plus roulant ensuite, coup de bol. Tout va très bien pendant un bon bout de temps, avant de... bah oui, d'aller un peu moins bien, forcément. J'ai un petit coup de mou, assorti d'une bonne période de nausée et d'une forte envie de dormir. Ça me prend vers 4h du matin et dans une côte... misère c'te côte ! Je n'avance plus, j'ai un petit peu envie de m'arrêter et de faire du stop. Mais enfin arrive le point haut... et la descente. Youpi c'est la fête ! Ah, ah non, non carrément pas, je suis encore plus lent dans la descente, une misère ! En plus je manque de me gameler (elle aurait été belle, au point à mon avis de devoir attendre du stop pour le coup, et même un brancard et tout parce que je partais nez en avant en plein dans une belle rangée de pierres qui n'avaient pas franchement l'air accueillant). Je ne dois mon salut qu'à une branche qui va se laisser attraper par les bouts de mes doigts de la main qui tient la gourde : ouééééééé. Au moins, ce coup d'adrénaline me réveille et j'en profite pour ranger ma gourde, yerk ! Et puis finalement tout arrive, et même Lamalou (L'as mal où ? Mais partout mon gars, partout !). Une longue traversée de village m'amène dans une salle où l'animation bat son plein : wahou, comme ça fait du bien de retrouver des gens !
Je rencontre là Iffic, Jym en pleine discussion avec Françoise (Antranik fait le sprint). Je décide de m'accorder une bonne pause parce que je le vaux bien. Changement de piles du GPS, de la frontale (que je range en même temps puisque le jour se lève), niveau d'eau dans la poche et la gourde, soupe, pain (super bon, je me suis régalé !), fruits secs et Tucs, comme d'hab. J'ai l'air de beaucoup manger mais en fait ce n'est pas l'orgie ; je surveille les arrivants derrière moi et dis aux autres que je veux repartir avant qu'Olivier n'arrive. Malheureusement, Françoise m'explique que de ce point de vue là au moins, le contrat est rempli : Olivier s'est fait une entorse au bout du 9e km et s'est arrêté un peu plus tard... crotte de flûte, c'est pas comme ça que je m'attendais à le pourrir. Je me plais bien à Lamalou, mais le chrono tourne et le soleil aussi, alors j'y retourne. Pile au moment où Arnaud déboule. Là me dis-je, c'est tout bon, il va redémarrer dix minutes après et devrait donc me rattraper avant le prochain ravito.
Lamalou—Olargues, Olargues m'a (presque) tuer
Je repars de Lamalou à 5h30 du matin, après donc 11h30' de course. J'ai encore 20' de retard sur la prévi 150% du temps du premier, mais je ne le sais toujours pas à ce moment... ce qui je dois dire est assez cool. Le ciel s'éclaircit rapidement pour profiter de cette montée de descente de vtt (vous suivez ?). Une courte section jusqu'à Colombières sur Orb avec juste un truc nommé « Madale » dedans, rien de bien méchant... oups. Non bon en fait ça passe bien pour moi, Madale, ça me plaît, je suis encore en forme et il ne fait pas chaud, le rythme est bon, je profite.
L'arrivée sur Colombières est chouette et là je réalise que je peux faire un truc sur cette course, nom de Zeus ! Ce ravito est aussi celui où l'on a un sac. Alors je ne change pas le rituel : eau gazeuse dans la poche, Tucs, bananes dans les poches, fruits secs et je me prends un Coca de mon sac pour le mettre dans la gourde. Je prends aussi un sachet d'Effinov menthe dans mon sac, à mettre dans ma gourde au ravito suivant : je savoure déjà de prendre de l'eau parfum menthe dans la chaleur de la journée. Et je repars le couteau entre les dents... ou presque (faut pas déc quand même, je sais déjà que je n'irai certainement pas à Madagascar l'année prochaine — oui, les vainqueurs ont une invitation pour une course à Madagascar en mars 2013). Et incroyable mais vrai, je pointe 14e à ce ravito, trop la classe.
La montée qui suit se passe bien, je suis content d'être là, on suit un ruisseau magnifique qui dessine des vasques dans la roche, c'est trop géniaaaaaaaaaaaaaaaaaaal. Les ruisseaux pour se rafraîchir sont nombreux, je m'asperge à chaque fois la tête, le dos, les jambes, je trempe casquette et buff pour dégouliner au moins quelques minutes après. Le seul hic en fait, c'est la chaleur, parce que ce n'est pas 12h—21h la période chaude la journée, mais plutôt à partir de 11 h... voire moins. Et là, ça commence donc à faire très chaud, les pulsations montent en même temps que la pente, les jambes commencent à souffrir, surtout que le parcours est loin d'être roulant de mon point de vue.
J'arrive à Mons un poil fatigué (en 17h55' environ, 10' d'arrêt) et en repars pas en grande forme. Je ne prends pas beaucoup de victuailles, et je n'ai pas mangé depuis peu après Colombières. La chaleur m'aura un peu couper l'appétit. La suite sera pire, bien entendu. Jusqu'à Olargues, je vais cramer, sécher, dessécher, exploser, partir en fumée, m'écrouler. Je ne me rappelle plus très bien de cette section, à part que — quand même — c'est beau, qu'il y a du monde avec moi, et que c'est dur. Le Carouxxxxx, euh... bah j'ai pas trouvé de rime alors tant pis. Tous les ruisseaux servent à m'arroser, mais ça ne dure jamais assez longtemps et puis il n'y en a pas assez souvent. Et puis, comme avant déjà, tout arrive : même la descente vers Olargues. Ah, cette descente. Attention à ne pas vous cramer les quadris disait Antoine avant le départ... la vache, je ne sais pas comment on pourrait faire autrement !? C'est pas roulant, tout roule pourtant, des marches, des cailloux partout, je ne vais pas encore faire preuve d'une belle technique là dedans. Et puis, enfin, enfin, des spectateurs (mais oui j't'assure, cher lecteur assidu noyé dans cette saine lecture !). Ah, ces spectateurs, signe d'un proche ravito, ah que c'est bon. « Allez, la descente et le ravito, vous êtes arrivés ». Ahhhh. Ah, mais non. En fait. Non parce qu'après avoir passé la rivière, il reste deux côtes courtes et abruptes qui me mettent à zéro. Je fais même un stop debout, les bras en croix sur un rocher. Tout ça pour quoi ? Voir un immeuble du XIIe siècle (une tour qu'ils appellent ça, mouais...) et des escaliers (eux aussi ils sont beaux... mais je me serais bien passé de les descendre) ? Ah, misère ! Heureusement qu'Antoine court plus vite que moi !
Bref... j'arrive à Olargues épuisé mentalement, et maxi-super-sec de l'intérieur. Olargues... 1h20' d'arrêt. Je passe le temps dehors à téléphoner ou à rêvasser, et surtout penser à autre chose que la suite. Et puis... et puis... faut bien y retourner. Je ne suis pas venu jusque là pour arrêter à cause de la chaleur, vu qu'il me reste 16 h pour finir la course, ces malheureuses 30 bornes. Je pourrais me faire une grosse sieste là si je devais alors je prends mon courage à deux mains et puis je m'en vais.
Olargues—Roquebrun
Je repars au bout de 23h40' de course. Et comble de... je ne sais pas quoi, je suis encore dans les temps pour les trente heures. Incroyable. Je sais pourtant que ça ne va pas durer et je m'en contre-fiche. Je m'accorde une petite pause allongé à somnoler sur le bas-côté de la route, avant de rejoindre la piste surchauffée ; je me serais bien mis en plein milieu mais de toute façon, il n'y a pas de voitures alors je ne risque pas de me faire écraser, tant pis, autant passer un moment à l'ombre alors... oui parce que la montée se fait en plein cagnard, toujours et encore. Donc ces dix bonnes minutes me font du bien. Je repars serein avec une stratégie : je marche jusqu'au prochain ravito et ensuite, j'essaierai d'en garder pour les descentes. Voilà une bonne résolution de prise, reste plus qu'à la mettre en pratique. La piste en faux-plat me fait du bien, ça déroule et je marche d'un bon pas. Et cela me permet d'arriver (tout court, mais c'est déjà pas mal) au pic de Naudech. Naudech, 5' d'arrêt pour discuter avec les bénévoles, à qui j'emprunte un p'tit siège fort agréable. J'en peux plus trop, la fin va être longue quand même.
Et puis la résurrection. La surprise, l'authentique coup de boost qui arrive avec un « mais non t'es pas fatigué » d'Arnaud. Arnaud m'a rejoint, you-hou les p'tits loups c'est trop d'la banane, Arnaud est là ! Je ne lui demande pas comment il a fait pour ne me rattraper que maintenant, alors que je le pensais définitivement arrêté puisque sans nouvelles de lui au départ d'Olargues après un arrêt plus que conséquent. Il me dit qu'il est nase et commence la descente avant moi. Je lui emboite le pas deux minutes plus tard, le temps de passer un coup de fil. J'allonge la foulée, je suis de nouveau en phase avec mon moi coureur. Et puis le ciel s'est couvert et le vent s'est levé, apportant une bonne fraîcheur. Je m'arrête une minute pour changer les piles de mon GPS (prrffft) et repars à la charge pour le rattraper. Mais que nenni, le coquin en a profité pour rigoler aussi dans cette descente, faite à bonne allure.
Je passe un peu trop de temps à Vieussan mais Arnaud m'attend et nous repartons ensemble. Très vite dans la montée suivante, la chaleur revient et le cardio craque : je n'avance pas et je suis très haut dans les pulsations, je préfère m'arrêter fréquemment. Je laisse donc Arnaud s'enfuir doucement en espérant le revoir avant l'arrivée. Et puis la nuit tombe, et j'arrive à ne pas trop me faire distancer et reviens même sur lui et un copain d'infortune, qui préfèrera lui faire une sieste sur le bord du chemin.
Et nous allons donc finir cette course ensemble, en relaçant à chaque fois que c'est possible, en gardant les yeux rivés sur le balisage et sur le GPS pour savoir ce qu'il nous reste à faire. Et c'est chouette. Tout seul, cette section m'aurait coûté vraiment cher en temps et en envie, alors merci Arnaud, c'était presque bon !
Derniers lacets sur Roquebrun, enfin une route, on déroule et voilà, une ligne franchie dans l'allégresse. Olivier est là, en pleine forme, c'est la classe.
31h49' de course et 15e ex-æquo (sur 31 arrivants et 83 inscrits) au final ; je fête cette victoire au rosé, qui accompagne le repas d'après-course. Un p'tit coucou à Antoine (merci, je suis officiellement UFO : un finisher occitan), un repas, une bonne douche bien chaude et une superbe nuit offerte par mon compère Olivier dans son Espace : la classe. Et en cadeau bonus, il fera le retour en conduisant seul, préférant user de sa cheville malade plutôt que de confier le volant à un poulet rôti en mal de neurones — merci, j'ai pu fermer les yeux sans remords sur le trajet.
Ah au fait, c'est Òscar qui remporte la course, mais un peu moins vite que prévu et du coup, mon temps d'arrivée colle quasiment avec les 150% de mes prévis : je crois que c'était mon destin, ce week-end, de remplir les conditions sans le savoir !
Morale de l'histoire : la chaleur c'est bon, mais plutôt allongé sur une chaise longue à siroter un milkshake à la banane.
Épilogue : j'atteins un poids de forme à 59 kg lundi matin, en n'ayant pas arrêter de manger et boire de tout le dimanche... jeudi premières foulées sans aucune douleur ni gêne... je suis convaincu d'être parti sur le bon tempo, et que même si j'avais été moins vite au départ ou dans la nuit, j'aurais tout de même été scalpé par la chaleur donc aucun remord, même que du positif ! Je suis en pleine forme pour plonger dans une semaine de récupe (bientôt terminée) et une semaine d'affûtage avant l'Aravis trail. Youpi c'est la fête !
S.//rock
P.-S. Ah, je ne sais pas ce qu'il se passe, ce n'est pas 31h43' de course mais bien 31h49'. J'ai lu un « 3 » au GPS en arrivant dans la nuit et depuis, mon cerveau n'imprime pas que j'avais mal lu un « 9 ».
Alors donc reprenons. Le Grand raid occitan, c'est ma première course depuis des années, hum, des mois, hum, depuis fin mars exactement, c'est dire si ça me démange d'aller gambader sur de l'herbe tendre dans une douce chaleur avec des copains (teaser, à prendre avec des pincettes). En plus, je suis plutôt en forme, avec un poids de forme et j'ai fait le plein de kilomètres depuis le début de l'année, négligeant peut-être un peu le dénivelé, mais bon, hein, on est pas à 7700 mètres près. Donc, au plaisir de courir avec d'autres, j'ajoute le plaisir de la performance, à mon niveau bien sûr.
Après quelques essais de déstabilisation les jours précédents la course, on se dit avec Olivier que les trente heures sont jouables. Moi ça me va, du moment que je termine devant lui ! J'ai le luxe cette fois-ci de préparer mon sac deux jours avant la course et c'est vraiment royal. Je me fais une nuit agitée l'avant-veille, me laissant super zen la dernière, top cool. J'ai les traces GPX dans mon Foretrex, quelques jeux de piles rechargeables et je me fais même un p'tit plan de marche à partir des prévisions de passage du premier à chaque ravito... en ajustant à 150% du temps bien sûr. Ça me donne une arrivée dans les 28 heures, ce qui n'est pas sans éveiller en moi une certaine envie. Hein ? non, bon, passons. Je vise trente heures en ayant aucune, mais vraiment aucune idée des temps de passage auxquels ça correspond. Mais comme j'ai le GPS, je me dis que tant que je suis au-dessus des 5 km/h, ça devrait le faire. Imparable.
Lever aux aurores, j'ai le temps de prendre un p'tit déj normal d'avant-course en attendant Olivier91 qui arrive à l'heure prévue. Cool, jusque là, tout va bien. La route se passe bien, vite même, ces autoroutes sont vachement agréables : peu de monde et ça tourne un peu, juste assez pour ne pas être ennuyeux. Bref, nous arrivons sous une bonne chaleur et allons récupérer dossards et horaires de départ. Un petit repas vite fait (spécial coureur : escalope et pâtes à la sauce champignons, 9 €, allez-y c'est bon) et ensuite nous nous garons sur le parking des départs de canoés. Oh pétard, l'Orb coule tranquillement, bien fraîche, les canoés sont là, mmmmmm, j'ai bien envie d'aller pagayer un peu mais c'est pas le topo prévu, in fact.
À la place, nous allons passer une heure trente dans un bus, comme pour aller en sortie, à l'école. Il nous reste assez de temps arrivés au lac du Salagou pour prendre une bouffée de chaleur. J'avais plus ou moins prévu de cramer entre midi et 18 h... mais Antoine avant le départ me dit de plutôt prévoir jusqu'à 21 h. Ouch. Comme je n'ai aucune idée de comment je me comporte sous la grosse chaleur, ça ne change pas grand chose, hein ?
Allez zou, c'est l'heure du départ. Je me suis bien arrosé le buff au robinet, que je place sous ma casquette, en saharienne. Je rejoins le groupe et me place stratégiquement au bon endroit : 5e rang en partant de la ligne de départ. C'est idéal puisque je suis aussi au 5e rang en partant de la fin, j'adore ces petits contingents de coureurs. Très classe.
Salagou—Faugères
Ma seule tactique (à part celle de tenir les 5 km/h le plus longtemps possible et surtout rester devant Olivier) était de partir lentement, au cardio (mais oui !) et en étant vraiment facile tout le temps. Ça commence mal, Olivier est avec moi, je surfe sur les 150 bpm au lieu des 136 max prévus mais au moins, je suis à plus de 5 km/h. Quasiment 9 km/h même, avant d'entrer dans le cirque de Morèze qui vaut carrément le détour. 4 km sur un autre monde, et ensuite c'est le retour des vignes. Les montées sont raidasses, les descentes sont caillouteuses, pour l'instant c'est classe.
Je passe le premier ravito en pleine bourre : je m'arrête cinq minutes pour mettre des pansements aux talons... mes chaussures ont pourtant 5 km au compteur (sortie de la veille) mais je sens quelques échauffements et comme je n'ai pas fait de préventif pendant que j'en avais le temps, je choisis de m'arrêter pendant qu'il fait encore jour. La descente est super rigolote, j'aime.
Je crois que c'est en sortant Des Crozes que je mets ma frontale, et que commence une sacrée partie de gambettes qui tournent avec l'ami Arnaud. Il m'a interpellé un peu plus tôt en me disant qu'il connait un certain Olivier qui sévit sur ce forum (vous l'aurez deviner, j'ai un écusson sur mon sac). Hum, vu qu'il s'entraîne avec Bikoon (puisque c'est de cet Olivier qu'il s'agit), je me doute que notre partie commune sera succincte (je suis en forme mais pas au niveau d'un Bikoon, je connais mes limites, même si Arnaud me précise ensuite qu'il est moins rapide... j'ai des doutes !). Toujours est-il que nous attaquons la nuit ensemble. Je sais qu'il faut être cool, qu'il faut gérer... je sais aussi que la chaleur sera terrible le lendemain et qu'il serait peut-être avisé de tracer un minimum dans la nuit, quitte à devoir le payer un peu plus, plus tard. A posteriori, je pense que j'étais dans un très bon rythme, pile bien, même. Et donc, cet Arnaud n'amuse pas le terrain. Il veut aussi se préserver pour la suite et vise une arrivée en moins de 30 heures, autant dire que je le suis à la trace. Il me largue un peu avant Vailhan — qu'elle est belle cette dernière section, bien roulante, avec la Lune et les étoiles pour compagnie, une fraîcheur toute relative, un régal !
Vailhan arrive donc et avec elle son ravito et son départ de la 6666. 4h35' de course environ (20' de retard sur les prévis 28 h, mais à ce moment là, je sais juste que je suis largement au-dessus des 5 km/h et que donc logiquement, faudrait pas accélérer plus, surtout !). Un peu de monde, un p'tit coucou à Jérémy-Mister Okidosport himself, 5' pour remplir les gourdasses (eau gazeuse dans la poche, Ergysport orange + eau plate dans la gourde), un p'tit coup d'Occitan Cola, deux morceaux de bananes (qui vont directement dans les p'tites poches de mon t-shirt : trop d'la banane), trois Tucs et je repars en même temps qu'Arnaud, cool. Il a l'air un poil remonté quand même le bougre et avec lui, je passe d'un mode touriste à un mode « mon gars, le GRO c'est quand même un objectif de l'année, t'en feras pas des tonnes des 150 bornes dans la saison alors faudrait peut-être se concentrer un minimum et envoyer du... GRO ». Et donc nous parcourons les collines hors et sous la végétation (bigre, ça garde bien la chaleur ces arbres là) en relançant tout le temps, tout en papotant, un régal. Manque de bol, Arnaud se prend une ronce ou un truc du genre en pleine figure et après avoir vainement essayer de se faire plaindre, préfère prolonger légèrement l'arrêt à Faugères. Sans aucune pitié ni aucun remord, je l'abandonne à son sort en repartant 6' après notre arrivée commune : remplissage de la poche, de la gourde (il me reste de l'Ergysport qui sera fortement dilué du coup), prendre quelques Tucs, des fruits séchés, raisins et deux morceaux de banane dans les poches.
Faugères—Lamalou (partout !)
Banzaï ça repart, après environ 7h20' de course (et toujours une vitesse moyenne largement bonne). Je me perds un peu dans le village (en cumulé, ça doit faire pas loin de 200 m sur toute la course, c'est dire si le balisage était conséquent !). Je suis toujours sur un rythme « on lâche rien » mais c'est quand même moins marrant tout seul. Je me dis à ce moment que j'aurais peut-être pu attendre Arnaud vu que c'était sûrement l'histoire de quelques minutes, et puis je me dis aussi que vu sa vitesse, il ne tardera pas à me rattraper. Bref, le temps passe, je manque d'écraser un cactus qu'une bénévole éclaire exprès pour que l'on puisse l'éviter et je passe un magnifique moulin avant de replonger dans la nuit.
En même temps que les temps de passage que je n'ai pas eu la bonne idée de retenir (sic !), je m'étais dis que les premiers de l'Occitane (mais si, la course de sprint, là, vous savez ?) devaient me dépasser entre les 50 et 60e km. Superbe estimation pifométrique, puisque les quatre premiers me doublent (en tombant plus qu'en courant), pile dans la descente du pic du Tantajo (55e km, c'te classe), une sorte de... pierrier bizarre, dans les pierres roulent tant qu'elles peuvent, alors que pour ma part, je serais plus proche de l'arrêt. Bref, ça redevient plus roulant ensuite, coup de bol. Tout va très bien pendant un bon bout de temps, avant de... bah oui, d'aller un peu moins bien, forcément. J'ai un petit coup de mou, assorti d'une bonne période de nausée et d'une forte envie de dormir. Ça me prend vers 4h du matin et dans une côte... misère c'te côte ! Je n'avance plus, j'ai un petit peu envie de m'arrêter et de faire du stop. Mais enfin arrive le point haut... et la descente. Youpi c'est la fête ! Ah, ah non, non carrément pas, je suis encore plus lent dans la descente, une misère ! En plus je manque de me gameler (elle aurait été belle, au point à mon avis de devoir attendre du stop pour le coup, et même un brancard et tout parce que je partais nez en avant en plein dans une belle rangée de pierres qui n'avaient pas franchement l'air accueillant). Je ne dois mon salut qu'à une branche qui va se laisser attraper par les bouts de mes doigts de la main qui tient la gourde : ouééééééé. Au moins, ce coup d'adrénaline me réveille et j'en profite pour ranger ma gourde, yerk ! Et puis finalement tout arrive, et même Lamalou (L'as mal où ? Mais partout mon gars, partout !). Une longue traversée de village m'amène dans une salle où l'animation bat son plein : wahou, comme ça fait du bien de retrouver des gens !
Je rencontre là Iffic, Jym en pleine discussion avec Françoise (Antranik fait le sprint). Je décide de m'accorder une bonne pause parce que je le vaux bien. Changement de piles du GPS, de la frontale (que je range en même temps puisque le jour se lève), niveau d'eau dans la poche et la gourde, soupe, pain (super bon, je me suis régalé !), fruits secs et Tucs, comme d'hab. J'ai l'air de beaucoup manger mais en fait ce n'est pas l'orgie ; je surveille les arrivants derrière moi et dis aux autres que je veux repartir avant qu'Olivier n'arrive. Malheureusement, Françoise m'explique que de ce point de vue là au moins, le contrat est rempli : Olivier s'est fait une entorse au bout du 9e km et s'est arrêté un peu plus tard... crotte de flûte, c'est pas comme ça que je m'attendais à le pourrir. Je me plais bien à Lamalou, mais le chrono tourne et le soleil aussi, alors j'y retourne. Pile au moment où Arnaud déboule. Là me dis-je, c'est tout bon, il va redémarrer dix minutes après et devrait donc me rattraper avant le prochain ravito.
Lamalou—Olargues, Olargues m'a (presque) tuer
Je repars de Lamalou à 5h30 du matin, après donc 11h30' de course. J'ai encore 20' de retard sur la prévi 150% du temps du premier, mais je ne le sais toujours pas à ce moment... ce qui je dois dire est assez cool. Le ciel s'éclaircit rapidement pour profiter de cette montée de descente de vtt (vous suivez ?). Une courte section jusqu'à Colombières sur Orb avec juste un truc nommé « Madale » dedans, rien de bien méchant... oups. Non bon en fait ça passe bien pour moi, Madale, ça me plaît, je suis encore en forme et il ne fait pas chaud, le rythme est bon, je profite.
L'arrivée sur Colombières est chouette et là je réalise que je peux faire un truc sur cette course, nom de Zeus ! Ce ravito est aussi celui où l'on a un sac. Alors je ne change pas le rituel : eau gazeuse dans la poche, Tucs, bananes dans les poches, fruits secs et je me prends un Coca de mon sac pour le mettre dans la gourde. Je prends aussi un sachet d'Effinov menthe dans mon sac, à mettre dans ma gourde au ravito suivant : je savoure déjà de prendre de l'eau parfum menthe dans la chaleur de la journée. Et je repars le couteau entre les dents... ou presque (faut pas déc quand même, je sais déjà que je n'irai certainement pas à Madagascar l'année prochaine — oui, les vainqueurs ont une invitation pour une course à Madagascar en mars 2013). Et incroyable mais vrai, je pointe 14e à ce ravito, trop la classe.
La montée qui suit se passe bien, je suis content d'être là, on suit un ruisseau magnifique qui dessine des vasques dans la roche, c'est trop géniaaaaaaaaaaaaaaaaaaal. Les ruisseaux pour se rafraîchir sont nombreux, je m'asperge à chaque fois la tête, le dos, les jambes, je trempe casquette et buff pour dégouliner au moins quelques minutes après. Le seul hic en fait, c'est la chaleur, parce que ce n'est pas 12h—21h la période chaude la journée, mais plutôt à partir de 11 h... voire moins. Et là, ça commence donc à faire très chaud, les pulsations montent en même temps que la pente, les jambes commencent à souffrir, surtout que le parcours est loin d'être roulant de mon point de vue.
J'arrive à Mons un poil fatigué (en 17h55' environ, 10' d'arrêt) et en repars pas en grande forme. Je ne prends pas beaucoup de victuailles, et je n'ai pas mangé depuis peu après Colombières. La chaleur m'aura un peu couper l'appétit. La suite sera pire, bien entendu. Jusqu'à Olargues, je vais cramer, sécher, dessécher, exploser, partir en fumée, m'écrouler. Je ne me rappelle plus très bien de cette section, à part que — quand même — c'est beau, qu'il y a du monde avec moi, et que c'est dur. Le Carouxxxxx, euh... bah j'ai pas trouvé de rime alors tant pis. Tous les ruisseaux servent à m'arroser, mais ça ne dure jamais assez longtemps et puis il n'y en a pas assez souvent. Et puis, comme avant déjà, tout arrive : même la descente vers Olargues. Ah, cette descente. Attention à ne pas vous cramer les quadris disait Antoine avant le départ... la vache, je ne sais pas comment on pourrait faire autrement !? C'est pas roulant, tout roule pourtant, des marches, des cailloux partout, je ne vais pas encore faire preuve d'une belle technique là dedans. Et puis, enfin, enfin, des spectateurs (mais oui j't'assure, cher lecteur assidu noyé dans cette saine lecture !). Ah, ces spectateurs, signe d'un proche ravito, ah que c'est bon. « Allez, la descente et le ravito, vous êtes arrivés ». Ahhhh. Ah, mais non. En fait. Non parce qu'après avoir passé la rivière, il reste deux côtes courtes et abruptes qui me mettent à zéro. Je fais même un stop debout, les bras en croix sur un rocher. Tout ça pour quoi ? Voir un immeuble du XIIe siècle (une tour qu'ils appellent ça, mouais...) et des escaliers (eux aussi ils sont beaux... mais je me serais bien passé de les descendre) ? Ah, misère ! Heureusement qu'Antoine court plus vite que moi !
Bref... j'arrive à Olargues épuisé mentalement, et maxi-super-sec de l'intérieur. Olargues... 1h20' d'arrêt. Je passe le temps dehors à téléphoner ou à rêvasser, et surtout penser à autre chose que la suite. Et puis... et puis... faut bien y retourner. Je ne suis pas venu jusque là pour arrêter à cause de la chaleur, vu qu'il me reste 16 h pour finir la course, ces malheureuses 30 bornes. Je pourrais me faire une grosse sieste là si je devais alors je prends mon courage à deux mains et puis je m'en vais.
Olargues—Roquebrun
Je repars au bout de 23h40' de course. Et comble de... je ne sais pas quoi, je suis encore dans les temps pour les trente heures. Incroyable. Je sais pourtant que ça ne va pas durer et je m'en contre-fiche. Je m'accorde une petite pause allongé à somnoler sur le bas-côté de la route, avant de rejoindre la piste surchauffée ; je me serais bien mis en plein milieu mais de toute façon, il n'y a pas de voitures alors je ne risque pas de me faire écraser, tant pis, autant passer un moment à l'ombre alors... oui parce que la montée se fait en plein cagnard, toujours et encore. Donc ces dix bonnes minutes me font du bien. Je repars serein avec une stratégie : je marche jusqu'au prochain ravito et ensuite, j'essaierai d'en garder pour les descentes. Voilà une bonne résolution de prise, reste plus qu'à la mettre en pratique. La piste en faux-plat me fait du bien, ça déroule et je marche d'un bon pas. Et cela me permet d'arriver (tout court, mais c'est déjà pas mal) au pic de Naudech. Naudech, 5' d'arrêt pour discuter avec les bénévoles, à qui j'emprunte un p'tit siège fort agréable. J'en peux plus trop, la fin va être longue quand même.
Et puis la résurrection. La surprise, l'authentique coup de boost qui arrive avec un « mais non t'es pas fatigué » d'Arnaud. Arnaud m'a rejoint, you-hou les p'tits loups c'est trop d'la banane, Arnaud est là ! Je ne lui demande pas comment il a fait pour ne me rattraper que maintenant, alors que je le pensais définitivement arrêté puisque sans nouvelles de lui au départ d'Olargues après un arrêt plus que conséquent. Il me dit qu'il est nase et commence la descente avant moi. Je lui emboite le pas deux minutes plus tard, le temps de passer un coup de fil. J'allonge la foulée, je suis de nouveau en phase avec mon moi coureur. Et puis le ciel s'est couvert et le vent s'est levé, apportant une bonne fraîcheur. Je m'arrête une minute pour changer les piles de mon GPS (prrffft) et repars à la charge pour le rattraper. Mais que nenni, le coquin en a profité pour rigoler aussi dans cette descente, faite à bonne allure.
Je passe un peu trop de temps à Vieussan mais Arnaud m'attend et nous repartons ensemble. Très vite dans la montée suivante, la chaleur revient et le cardio craque : je n'avance pas et je suis très haut dans les pulsations, je préfère m'arrêter fréquemment. Je laisse donc Arnaud s'enfuir doucement en espérant le revoir avant l'arrivée. Et puis la nuit tombe, et j'arrive à ne pas trop me faire distancer et reviens même sur lui et un copain d'infortune, qui préfèrera lui faire une sieste sur le bord du chemin.
Et nous allons donc finir cette course ensemble, en relaçant à chaque fois que c'est possible, en gardant les yeux rivés sur le balisage et sur le GPS pour savoir ce qu'il nous reste à faire. Et c'est chouette. Tout seul, cette section m'aurait coûté vraiment cher en temps et en envie, alors merci Arnaud, c'était presque bon !
Derniers lacets sur Roquebrun, enfin une route, on déroule et voilà, une ligne franchie dans l'allégresse. Olivier est là, en pleine forme, c'est la classe.
31h49' de course et 15e ex-æquo (sur 31 arrivants et 83 inscrits) au final ; je fête cette victoire au rosé, qui accompagne le repas d'après-course. Un p'tit coucou à Antoine (merci, je suis officiellement UFO : un finisher occitan), un repas, une bonne douche bien chaude et une superbe nuit offerte par mon compère Olivier dans son Espace : la classe. Et en cadeau bonus, il fera le retour en conduisant seul, préférant user de sa cheville malade plutôt que de confier le volant à un poulet rôti en mal de neurones — merci, j'ai pu fermer les yeux sans remords sur le trajet.
Ah au fait, c'est Òscar qui remporte la course, mais un peu moins vite que prévu et du coup, mon temps d'arrivée colle quasiment avec les 150% de mes prévis : je crois que c'était mon destin, ce week-end, de remplir les conditions sans le savoir !
Morale de l'histoire : la chaleur c'est bon, mais plutôt allongé sur une chaise longue à siroter un milkshake à la banane.
Épilogue : j'atteins un poids de forme à 59 kg lundi matin, en n'ayant pas arrêter de manger et boire de tout le dimanche... jeudi premières foulées sans aucune douleur ni gêne... je suis convaincu d'être parti sur le bon tempo, et que même si j'avais été moins vite au départ ou dans la nuit, j'aurais tout de même été scalpé par la chaleur donc aucun remord, même que du positif ! Je suis en pleine forme pour plonger dans une semaine de récupe (bientôt terminée) et une semaine d'affûtage avant l'Aravis trail. Youpi c'est la fête !
S.//rock
P.-S. Ah, je ne sais pas ce qu'il se passe, ce n'est pas 31h43' de course mais bien 31h49'. J'ai lu un « 3 » au GPS en arrivant dans la nuit et depuis, mon cerveau n'imprime pas que j'avais mal lu un « 9 ».